Le Diable Volant

Les Archives de la flibuste

Approbation du roi à une expédition du gouverneur de la Tortue contre les Espagnols (1674)

En octobre 1673, après cinq ans de paix, l'Espagne prend officiellement le parti de son allié néerlandais dans le conflit qui oppose celui-ci à la France. Dès lors, dans les colonies françaises des Antilles, particulièrement à Saint-Domingue, les armements des flibustiers sont à nouveau autorisés par Louis XIV. C'est pourquoi, dans le présent document, le ministre Colbert informe le gouverneur Ogeron de l'approbation royale au projet d'une descente à Puerto Rico pour en libérés les naufragés du vaisseau du roi L'Écueil que les Espagnols de cette île retiennent prisonniers, comme celui-ci l'annonçait dans une lettre du mois d'octobre précédent.

R. Laprise.

description : copies d'une lettre du ministre Jean-Baptiste Colbert à Bertrand Ogeron (gouverneur de la Tortue et côte de Saint-Domingue) et d'une autre du roi Louis XIV au même, datées respectivement de Saint-Germain, les 20 et 22 janvier 1674.
source : FR ANOM COL/B/4/fol. 9-10.

À Mr. d'Ogeron.

À St-Germain, le 20 janvier 1674.

Monsieur,

Le Roi a été bien aise d'apprendre, par la lettre que vous m'avez écrite le premier octobre dernier, votre retour à la Tortue après vous être sauvé des mains des Espagnols et la résolution que vous avez prise de retourner à Portoric avec cinq cents hommes de la côte St-Domingue pour retirer ceux qui sont restés en cette île du naufrage de l'écueil. Sa Majesté attend avec impatience des nouvelles des succès de votre entreprise, et Elle ne doute pas qu'ayant autant de zèle et d'expérience que vous en avez, vous n'ayez pris toutes les mesures et les précautions nécessaires pour réussir dans le projet que vous avez fait pour le bien de son Service et la liberté de ses sujets.

La Compagnie des Indes occidentales enverra incessamment des armes et munitions à la côte St-Domingue, en sorte qu'avec ce secours, Sa Majesté espère que ses sujets qui y sont habitués seront en état de se défendre et mêmes et d'attaquer partout ceux qui voudraient troubler leur repos.

Sa Majesté m'ordonne de vous dire qu'Elle veut que vous donniez toutes les assistances qui dépendront de vous à ladite Compagnie ou ceux qui sont préposés de sa part pour le recouvrement de ses effets et pour les envoyer en même temps en France, étant important que l'arrêt du Conseil qui a été rendu au mois de novembre 1672 et qui vous a été envoyé, soit ponctuellement exécuté.

Le Roi a été bien aise d'apprendre aussi le soin que vous prenez de faire rendre le prix des nègres qui sont provenus du vaisseau de Manuel Correa. Et comme il s'est déterminé à passer à la Tortue pour recevoir de vous non seulement ce que vous aurez recouvré de la vente desdits nègres, mais même le prix de toutes les autres marchandises qui étaient chargées sur son vaisseau et qu'il vous rendra le duplicata de cette lettre, Sa Majesté veut que vous lui donniez tout l'assistance et la protection dont il aura besoin pour être dédommagé de la perte qu'il a faite tant par la prise de son vaisseau que des nègres et de toutes les autres marchandises dont il était chargé, étant nécessaire au surplus que vous m'informiez des diligences que vous ferez sur ce sujet afin que j'en puisse rendre compte à Sa Majesté.

Je suis, etc.


Lettre du Roi au sieur d'Ogeron pour lui accorder la permission de repasser en France, du 22e janvier 1674.

Monsieur d'Ogeron,

Le sieur Colbert m'a rendu compte du contenu de votre lettre du premier octobre dernier. Et comme il vous fait savoir mes intentions, tant sur ce qui concerne la restitution du vaisseaux et des effets appartenant à Manuel Correa, qui passe en mon Isle de la Tortue, que sur ce qui peut être dû à la Compagnie des Indes occidentales, je me contenterai seulement de vous dire qu'à l'égard de la permission que vous demandez de revenir en France pour mettre ordre à vos affaires domestiques, je vous l'accorde volontiers, ne doutant pas que vous ne preniez de telles précautions que votre absence ne puisse porter aucun préjudice au bien de mon Service et à la sûreté de mes sujets qui sont habitués en ladite île et à la côte St-Domingue, dont je vous ai confié le gouvernement. Sur ce, etc.

Écrit à St-Germain, le 22e janvier 1674.