Le Diable Volant

Les Archives de la flibuste

Un flibustier hollandais demande à être naturalisé français (1685)

En mai 1683, quelques jours après la prise de Veracruz, à la suite d'un différend, les deux commandants en chef de cette expédition, Nicolas Van Hoorn et Laurens de Graffe, se battent en duel sur Isla de Sacrificios, connues des Français sous le nom de « caye du Sacrifice ». Le premier est blessé légèrement à la main par le second, qui remporte ainsi son point. Cependant, cette blessure, sans doute mal soignée, et aussi à cause de la chaleur, s'infecte rapidement, et Van Hoorn meurt peu de temps après. Un an plus tard, le gouverneur de Saint-Domingue décide d'attacher définitivement De Graffe à la France. Cependant, le capitaine hollandais doit d'abord être gracié, autant pour le mort indirecte de Van Hoorn, qui possédait en France de puissants associés que pour s'être battu en duel, ce qui était expressément interdit par ordonnance royale. La demande de pardon de De Graffe repoduite ci-dessous ne fut pas rédigée par celui-ci. En effet, au moment de sa rédaction (25 janvier 1685), le capitaine néerlandais était en mer en route pour le Venezuela. Les véritables auteurs en sont l'intendant Michel Bégon et le chevalier de Saint-Laurent, qui se trouvaient alors à la Martinique, et qui revenaient tout juste de leur tournée d'inspection de Saint-Domingue, où ils avaient d'ailleurs rencontré De Graffe. Sept mois plus tard, le roi Louis XIV donnera une réponse à cette demande de pardon.

description : demande de pardon du capitaine Laurens de Graffe, extrait d'un mémoire officiel daté du 25 janvier 1685.
source : FR ANOM COL/C9A/1.
contribution : Dominika Haraneder (2000).

Mémoire des habitants de St-Domingue qui supplient très humblement Sa Majesté de leur accorder des brevets de rémission en grâce des homicides par eux commis.

Laurent de Graff, établi à la côte de St-Domingue depuis neuf ans, s'étant associé avec le sieur de Vanhorn pour l'expédition de la Vera Crux, apprit que ledit Vanhorn faisait tous ses efforts pour le ruiner de réputation, dont étant indigné il l'alla trouver pour s'expliquer avec lui, mais ledit Vanhorn voyant que ces médisances et calomnies n'étaient que trop véritables, mit l'épée à la main, aussi bien que ledit De Graff, qui le blessa fort légèrement à la main, dont ayant été mal pansé il en est mort au grand regret dudit De Graff, qui prouvera la vérité de la déclaration ci-dessus.

(...)

Fait à la Martinique, ce 25e janvier 1685.

Le chevalier de St-Laurens.
Bégon.