Le Diable Volant

Les Archives de la flibuste

Un capitaine néerlandais est grâcié par le roi de France pour la mort d'un corsaire français (1685)

En janvier 1685, une demande de pardon en faveur du flibustier hollandais Laurens de Graffe est rédigée à la Martinique par l'intendant Bégon : les raisons qui sont à l'origine de cette requête sont énoncées dans le présent document les reproduit presque mots pour mots. En France, elle est remise au roi par le marquis de Seignelay, et Louis XIV ne tarde par à accorder sa grâce au Néerlandais, et ce une semaine après l'avoir naturialisé français afin de l'attacher définitivement à la colonie de Saint-Domingue, qu'il fréquente depuis sa capture par des flibustiers français en 1677.

description : copie du pardon accordé par le roi de France à Laurens De Graff pour la mort du capitaine Van Hoorn, Versailles, 13 août 1685.
source : FR ANOM COL/B/11/fol. 194-195.

Brevet de grâce pour le nommé Laurens de Graff.

À Versailles, le 13 août 1685

Aujourd'hui, treizième jour du mois d'août 1685, le Roi, étant à Versailles, a reçu l'humble supplication de Laurens de Graff, habitant de la côte St-Domingue, dans l'Amérique, contenant qu'ayant appris que le sieur Van Horn, son associé, publiait des calomnies contre lui, il aurait été le trouver pour s'expliquer ensemble et, lui en ayant fait connaître la fausseté, dont ledit Van Horn s'étant mis en colère au lieu de l'écouter aurait mis l'épée à la main et obligé le suppliant de tirer la sienne pour défendre sa vie, ce que faisant ledit Van Horn aurait été blessé légèrement à la main, dont il serait mort quelques jours après, au grand regret dudit Graff, faute d'avoir été bien pansé, suppliant très humblement Sa Majesté de lui accorder pardon;

À quoi ayant égard, et préférant miséricorde à rigueur de justice, Sa Majesté a quitté, remis et pardonné, quitte, remet et pardonne audit Laurent Graff le fait et cas susdit, imposant sur ce, silence perpétuel à tout juge présent et à venir. Mande Sa Majesté aux officiers du Conseil souverain établi au Petit Goave de faire jouir et user pleinement et paisiblement ledit Graff de ladite grâce et de registrer le présent brevet qu'Elle a bien voulu signer de sa main et être contresigné par moi, conseiller, secrétaire d'état et de ses Commandements et Finances.