Autorisation donnée à un flibustier français pour sortir en mer et prendre sur les Espagnols (1669)
Au XVIIe siècle, la commission était un permis de piller en mer délivré à un particulier par la Couronne ou l'état. Sans ce permis, tout capitaine qui se risquait à attaquer un navire pouvait être considéré comme un pirate. Aux Antilles, ces documents étaient émis en période de guerre officielle, mais aussi en temps de paix, comme c'est le cas de la présente commission (voir le lettre du roi à ce sujet), qui fut donnée par le gouverneur de la Tortue au capitaine François Trébutor, commandant la frégate La Sainte-Catherine. Cette commission peut étonner par sa brièveté si on la compare à d'autres émises aux Antilles à la même époque. L'on remarquera aussi qu'elle est doublée d'un congé, ou laissez-passer, qui autorise son porteur à quitter la colonie et à prendre la mer, ce qui n'était pas la règle : dans les colonies telles que la Jamaïque anglaise, mieux organisée et policée que celle de la Tortue et de la côte Saint-Domingue, la commission et le congé étaient deux documents distincts. De plus, la seule condition exigée ici de son bénéficiaire est de ramener deux personnes de l'équipage de chaque prise pour son adjudication, ce qui démontre bien le principal problème rencontré par l'autorité délivrant ce genre de permis en Amérique : obliger le flibustier à venir faire juger ses prises à son port de commission. En effet, la tradition voulait, en Amérique seulement et compte tenu de l'éloignement, à l'origine, des ports de commissions qui se trouvaient tous en Europe, que le corsaire dispose des navires pris selon ses besoins du moment. Le capitaine Trébutor usera assez librement de sa commission en pillant un bâtiment appartenant à une nation alliée à la France. Par la suite, il recevra du colonel Henry Morgan, commandant les forces navales de la Jamaïque, une commission anglaise pour prendre sur les Espagnols par droit de représailles.
R. Laprise.