Le Diable Volant

Les Archives de la flibuste

Ordre du roi de France pour la restitution des biens d'un Portugais pillés par un flibustier de la Tortue (1671)

En 1670, le capitaine François Trébutor, porteur d'une commission du gouverneur de la Tortue pour prendre sur les Espagnols, s'empara d'un navire battant pavillon du Portugal, allié de la France, comme en témoigne un mémoire de plainte présenté à Louis XIV à cet effet). Aussitôt informé de cet acte de piraterie contre une nation alliée, le roi ordonne à son gouverneur à la Tortue de faire restituer le navire et sa cargaison, et de faire procéder à l'arrestation du pirate. C'est cet ordre royal qui est reproduit ici. Le capitaine Trébutor sera effectivement arrêté, mais il ne subira jamais son procès. À ce sujet, voir la lettre du gouverneur général des Antilles française, de novembre 1671, et celle du gouverneur de la Tortue, d'octobre 1673.

R. Laprise.

description : copies d'une lettre du roi Louis XIV à Bertrand Ogeron (gouverneur de la Tortue) et d'une autre du ministre Jean-Baptiste Colbert au même, toutes deux datées de Dunkerque, le 22 mai 1671.
source : FR ANOM COL/B/3/fol. 58-59.

Lettre du Roi au sieur d'Ogeron pour lui dire d'employer son autorité pour faire rendre au capitaine Manuel Correa le vaisseau et marchandises qui lui ont été pris par le capitaine Trebutor.

Monsieur d'Ogeron,

Le prince de Portugal ayant porté plainte à mon Ambassadeur auprès de lui que le capitaine Manuel Correa étant sorti du port de Cacheu pour venir au Cap Vert, il fut rencontré par le capitaine Jacques Trebutor, qui le mena à l'île St-Domingue, où le vaisseau et cargaison, furent vendus, et comme cela est directement contraire à la foi publique et aux traités que j'ai avec ledit prince, et que je désire que ces sortes d'actions soient punies sévèrement, je vous fais cette lettre pour vous dire que mon Intention est que vous employez toute l'autorité que je vous ai commise pour faire rendre promptement ledit vaisseau et les marchandises qui y étaient chargées, ou la juste valeur du tout, et qu'en même temps vous fassiez arrêter ledit capitaine Trebutor et lui fassiez faire et parfaire son procès, et le punir suivant la rigueur des ordonnances. Et m'assurant que vous tiendrez ponctuellement la main à ce qui est en cela mon Intention, je prie Dieu qu'il vous ait, monsieur d'Ogeron, en sa sainte Garde.

Écrit à Dunkerque, le vingt-deuxième mai 1671.


À M. d'Ogeron,

À Dunkerque, le 22 mai 1671.

Monsieur,

J'accompagne de ces quelques lignes la lettre du Roi, que vous trouverez ci-jointe, par laquelle Sa Majesté vous fait connaître ses intentions sur le sujet de la prise faite par le capitaine Trebutor. Et comme il importe à son Service de tenir la main à ce que cette action soit rigoureusement punie, je ne doute pas que nous ne vous conformiez exactement à ce qu'Elle désire en cela de vous.

Je suis, etc.