Le Diable Volant

Figures de Proue

un dictionnaire biographique de la flibuste

GABARET, le capitaine Louis

Louis GABARET : marin français (île d'Oléron, vers 1634 - l'île Tobago, 3 mars 1677).

Fils de Pierre Gabaret, capitaine marchand d'Oléron, et de Renée Picart, il servit dès 1646 dans l'équipage de son parent Mathurin Gabaret, corsaire et officier de la marine royale. Sous les ordres de ce dernier, en qualité d'enseigne, il prit part à une campagne au Canada et aux Antilles (1650-1652). Par la suite, il fut lieutenant sur un corsaire jusqu'en 1657, année où il s'embarqua à bord de la Française, commandée par Mathurin, dont il était alors le lieutenant. Il fut promu capitaine de vaisseau le 5 septembre 1666. En 1670, il commandait une petite escadre de la marine royale aux Antilles. Il reçut alors l'ordre du gouverneur général, M. de Baas, d'aller à Saint-Domingue pour aider à mater les habitants révoltés (1670). Arrivé à l'île de Tortue après un long délai (février 1671), il prit le gouverneur Ogeron à son bord : ensemble ils allèrent à Léogane où les habitants persistèrent à ne pas reconnaître la Compagnie, puis au Petit-Goâve qu'ils attaquèrent; les cases du bourg furent brûlées et les habitants se réfugièrent dans les bois. Par la suite, il commanda L'Intrépide au sein de la flotte du comte d'Estrées, qui arriva aux Antilles en 1676 : il participa à la prise de Cayenne (décembre 1676), puis il mourut lors de la coûteuse victoire de Tobago. Il avait épousé, en 1667, Louise Auboyneau.

GABARET, le capitaine Mathurin

Mathurin GABARET : marin français (île de Ré, vers 1600 - Barègues, Pyrénées, 22 septembre 1671).

Il commença son apprentissage en mer dès l'âge de douze ans sur les navires de son père. Dans les années 1620, il sert comme officier sur divers vaisseaux, et très souvent sous les ordres du capitaine Isaac de Razilly. Maître de navire en 1631, il épousa l'année suivante Marie Regnier, fille d'un officier de la marine royale, dont il aura un premier fils, Jean. En 1636, il est promu capitaine de vaisseau, commandant dès lors plusieurs navires corsaires souvent en association avec son parent François Gabaret En 1640, entre deux courses, il se remaria avec Marie Baron, dont il aura deux autres garçons, Nicolas et Mathurin. À la fin de décembre 1650, montant le Phénix, de 300 tonneaux et 30 canons, il appareilla de La Rochelle pour une expédition de pillage dans la mer des Antilles et le golfe du Mexique contre les Espagnols. De cette expédition au cours de laquelle il aura visité les ports de Terre ferme et des Honduras notamment faisant ici et là quelques prises sur les Espagnols, il rentra à La Rochelle en octobre 1652 après un détour par l'Acadie. En 1655, il semble avoir entrepris une autre expédition aux Antilles contre les Espagnols en association avec le marquis de La Roche, continuant cependant de harceler ces derniers de l'autre côté de l'Atlantique. La paix conclue avec l'Espagne, il devint chef d'escadre (1662) dans la marine royale. Anobli en 1665, il fut promu l'année suivante au rang de lieutenant-général des armées navales.

GAIRIN, Nicolas

Nicolas GAIRIN : colon français.

En 1670, il fut élu syndic par les habitants du quartier des Nippes, à la côte ouest de Saint-Domingue, lesquels s'étaient révoltés contre la Compagnie des Indes occidentales; le sous-syndic étant un certain Jean Le Messager.

GALICHON, le sieur

François de GALICHON :Aventurier français (mort à Paris, en juin 1685).

Fils de Pierre de Gallichon, sieur de Bellemotte, et de Julianne de Lamboust, il était un marchand au Cap, à Saint-Domingue. Également armateur dans cette colonie, il est propriétaire en 1679, du Saint Joseph, de 120 tonneaux, avec 12 hommes d'équipage, qu'il envoie à la La Rochelle sous le commandement de Jean Meslin, qui revient dans la colonie fin 1679 ou début 1680 avec une cargaison de vins, d'eaux-de-vie, farines, clous cordages, vaisselles et flacons, chargée par Laurent Pagés, marchand de cette ville. En 1683, lors du décès de son partenaire en affaires, le gouverneur Pouançay, dont il est l'héritier, il réside au quartier du Cap de la Petite-Anse, et possédant aussi une habitation dans le quartier Morin. Il hérite alors des biens que le gouverneur possédait dans la colonie, notamment une habitation et une saline au Petit-Goâve, une autre à l'acul de Léogane, une troisième au quartier des Sources de Léogane, l'habitation de la Ravine, à la pointe de Léogane, une autre nommé Le Grand Boucan, en amont de la grande rivière, elle aussi à Léogane, un parc de 500 cochons nommé Les Vases, quelques cases au fond du Cul de Sac. Il y avait alors servant sur ces terres environ 120 esclaves et une quarantaine d'engagés. Gallichon devient aussi propriétaire du navire de 70 tonneaux nommé le Saint-Joseph, mouillant au Petit-Goâve, et commandé par le capitaine Louis Pol, de Dieppe. En novembre 1684, au Lude, lors d'un séjour en France, il épousa Renée Pays. Le 6 mai 1685, les Espagnols enlevèrent des esclaves à son corral des Vases. En août de la même année, il fut nommé conseiller au Conseil Supérieur de Saint-Domingue, mais il mourut en France avant son retour dans la colonie.

GARNIER, le sieur

Jean GARNIER d'AIGLENÇAY : colon français.

Habitant à Limonade, il vendit (avec sa femme) une indigoterie à M. de Franquesnay, lieutenant de roi à Saint-Domingue, en octobre 1688. Deux ans plus tard, il participa au raid contre Santiago de los Caballeros (juillet 1690) avec le grade de lieutenant de la milice de Limonade. En janvier 1691, il combattit les Espagnols à la bataille de la plaine de Limonade lors de laquelle il fut blessé. Après avoir commandé la compagnie des habitants de ce quartier lors de l'expédition contre Carthagène (1697), il fut fait capitaine de la première compagnie de cavalerie-milice de Limonade (novembre 1700), titre qui lui valut de siéger en qualité de doyen au Conseil Supérieur du Cap dès sa création (1701). Il se retira en 1721.

GÉLIN, le sieur

GÉLIN : colon français (mort à Santiago de los Caballeros, juillet 1690).

Capitaine commandant la milice de Limonade, il fut tué par les Espagnols lors de l'expédition contre Santiago de los Caballeros. Il pourrait appartenir à la famille Gélin qui fabriquait des fusils de boucaniers à Nantes pour les exporter en Amérique dans les années 1660.

GÉRY, le père

GÉRY : capucin français.

Il devint curé au Petit-Goâve au début des années 1680. En 1684, il offrit l'hospitalité à M. de La Salle, alors malade et de passage à Saint-Domingue en route pour l'embouchure du Mississippi. En 1689, il détermina les flibustiers qui fréquentaient le Petit-Goâve d'y bâtir une église, laquelle reçut le nom d'«église des flibustiers». En juin 1694, il accompagna le gouverneur Ducasse lors du raid contre la Jamaïque.

GIRAUT

GIRAUT : colon français.

Serviteur de Bertrand Ogeron, il accompagna ce dernier à Saint-Domingue où son maître lui confia la gestion (1664) de sa première habitation au Port-Margot.

GOBIN, Germain

Germain GOBIN : colon français (mort au Cap Français, vers 1680).

De confession calviniste, il partit de l'île de la Tortue avec Pierre Lelong en 1670 pour cultiver une terre au Cap Français : il fut le premier propriétaire du terrain sur lequel fut construite la ville du Cap. Ce fut dans sa maison que le chevalier de Saint-Laurent et l'intendant Bégon tinrent leurs assises lors de leur inspection de 1684.

GODEFROY, le capitaine

Pierre GODEFROY : flibustier français.

Il appartenait probablement à cette famille d'armateurs protestants de La Rochelle portant le même nom. Dans son histoire manuscrite de l'île de Saint-Domingue, le père Le Pers le mentionne parmi les capitaines qui participèrent à la prise de Veracruz en 1683, ce qui est inexact, mais il est probable qu'il s'y trouvait en tant qu'officier ou simple compagnon. Mentionné comme flibustier à Saint-Domingue en 1690, commandant alors une barque longue de huit canons, avec 60 hommes, avec laquelle il captura, en octobre, un petit navire espagnol de 16 canons à la côte de Carthagène. En 1692 et 1693, montant un autre bâtiment que lui a vendu le gouverneur Ducasse, il fit plusieurs prises sur les Anglais avant d'être obligé de se rendre aux Néerlandais lors d'un affrontement devant Santo Domingo. Ayant été libéré de sa captivité à Curaçao, il accompagna Ducasse dans son expédition de la Jamaïque en 1694. Il participa aussi à la prise et au pillage de Cartagena en 1697, commandant alors la Serpente, de 14 canons.

GOFFE, Christopher

Christopher GOFFE : flibustier anglais.

Il compta au nombre des cinq capitaines qui en avril 1684 formèrent la flotte de Thomas Handley, qui appareilla de l'île New Providence avec commission du gouverneur Lilburne pour garder les côtes des Bahamas contre les Espagnols. Il fut ensuite proclamé pirate en Nouvelle-Angleterre, d'où il était apparemment originaire. Il est possible qu'il suivit Handley puisque, lorsque celui-ci fit escale aux Bermudes en mai 1685, Goffe se trouvait en sa compagnie. En août 1687, il se trouvait à bord du navire d'une capitaine nommé Woollerly lorsque celui-ci fit escale aux Bahamas. Cette même année, il se retira en Nouvelle-Angleterre où il fit sa soumission aux autorités coloniales et obtint son pardon. En 1690, il reçut le commandement de l'un des quatre corsaires new-yorkais armés par Jacob Leisler pour une expédition contre les Français au Canada.

GOODLAD, le capitaine William

William GOODLAD : flibustier anglais.

Commandant la frégate The Blessing, il prit à Port Royal, en septembre 1662, une commission du gouverneur de la Jamaïque pour prendre sur les Espagnols. À la fin de 1663, il comptait toujours au nombre des flibustiers fréquentant ce port, montant alors une pinque armé de six canons, avec 60 hommes d'équipage.

GOODSON, William

William GOODSON : marin anglais, probablement originaire de Yarmouth (mort après 1680).

Vers 1634, selon ses dires, il aurait vécu quelque temps à Cartagena, en Amérique, mais pas assez lontemps pour y apprendre l'espagnol. En 1650, il commandait le navire marchand londonien The Hopeful Luke, dont il était en partie propriétaire et qui, cette même année, fut loué par l'État. En octobre 1651, il demanda une license pour transporter des marchandises à la Barbade. Début 1653, il obtint son premier commandement dans la marine anglaise, étant nommé capitaine du navire de l'état Entrance, avec lequel il participa à la bataille navale de Portland. En mars, il montait le Rainbow comme contre-amiral de l'escadre bleue. L'année suivante, il était vice-amiral de la même escadre sous les ordres de William Penn, et il recevait en même temps le lucratif contrat d'approvisionner les marins en vêtements. Fin 1654, il recevait le commandement du Paragon, toujours sous les ordres de Penn, qu'il accompagna toujours comme vice-amiral dans les Antilles. Lors du retour de son supérieur en Angleterre en juin 1655, Goodson, montant désormais le Torrington, lui succéda comme commandant en chef des forces navales du Commonwealth à la Jamaïque, stationnées à Cagway. À la tête d'une douzaine de bâtiment, il tenta, en vain, pendant environ deux ans, de s'emparer de l'un ou l'autre des flottes aux trésors espagnoles. Il pilla néanmoins plusieurs cités portuaire mineures telles que Santa Marta lors de sa première croisière (août à novembre 1655) et Río de Hacha lors de sa seconde (avril et mai de l'année suivante). En août 1656, il renvoya en Angleterre le Torrington et s'embarqua successivement sur le Marston Moor, puis en janvier 1657, sur le Mathias, à bord duquel il arriva en Angleterre en avril suivant, étant alors très malade. Avant la fin de l'année, il n'en commanda pas moins une flotte croisant sans la Manche à bord du Speaker. En 1658, il participa au siège de Dunkerque, puis il commanda le Swiftsure comme vice-amiral sous les ordres de Sir George Ayscue dans les eaux suédoises. L'année suivante, dans la même mer, il fut le vice-amiral de la flotte du général Edward Montagu. Fin 1662, il fut suspecté d'être partie dans un complot visant à tuer le roi Charles II, mais l'accusation se révéla sans fondement.

GOUIN, le capitaine

[Pierre?] GOUIN : flibustier français.

Il montait l'un des bâtiments de la flotte de Grammont au retour de l'entreprise de Maracaïbo (1678). Il pourrait être identifié à Pierre Gouin, capitaine d'une barque de traite, qui fut pris et tué par des corsaires espagnols à la côte sud de Saint-Domingue en 1683.

GRAMMONT, le sieur de

Jean de GRAMMONT : flibustier français originaire de Paris (mort au large des Açores, octobre 1686).

Issu d'une famille noble, il obtint le commandement d'un navire corsaire avec lequel il passa à la Martinique (vers 1675). Il fit ensuite une riche prise sur les Néerlandais qu'il mena à Saint-Domingue. En 1676, il est signalé à l'île de Sainte-Croix, et, à la fin de l'année suivante, il commandait une flotte corsaire à Saint-Domingue, ayant comme objectif Sanitago de Cuba, mais il échoua dans cette entreprise. Étant parmi les cayes du sud de Cuba avec ses capitaines au début de 1678, il fut rappelé à Saint-Domingue par le gouverneur Pouancey pour prendre part à l'expédition contre Curaçao sous les ordres du comte d'Estrées. Après le naufrage d'une partie de la flotte française à l'île d'Avés, Grammont reçut l'ordre de Pouancey d'en sauver les survivants. Ensuite, avec 700 hommes, il alla piller les établissements espagnols du lac de Maracaïbo. De retour au Petit-Goâve à la fin de l'année, il reprit la mer, à la tête de quelques autres capitaines, encore une fois à destination de Cuba, et en février 1679 il y pillait Puerto Principe. Il croisa ensuite devant La Havane, puis aux côtes d'Amérique centrale et du Vénézuela. En mars 1680, il mouillait devant la Martinique, envoyant à d'Estrées un mémoire sur ses observations des ports et des places espagnols. En juin suivant, il prenait La Guayra, qu'il dut cependant évacuer à l'arrivée de troupes venant de Caracas, se retirant à l'île d'Aves avec une blessure d'une flèche à la gorge. De retour au Petit-Goâve, il y perdit son vaisseau lors d'un ouragan. Après une longue période d'inactivité, il s'embarqua au Petit-Goâve comme lieutenant du capitaine Van Hoorn, sous les ordres duquel il participa à la prise de Veracruz (mai 1683). À la mort de Van Hoorn, il reçut le commandement du vaisseau de celui-ci qu'il alla radouber dans la colonie anglaise de Caroline. De retour à Saint-Domingue à la fin de 1683, il en repartait en juillet de l'année suivante, avec cinq vaisseaux, pour ramener par ordre du nouveau gouverneur Cussy tous les flibustiers alors en mer. Cette croisière décevante le conduisit à Cuba, en Floride et en Caroline et, à son retour à Noël 1684, il fut beaucoup critiqué pour son inaction. Pourtant Cussy n'en renouvela pas moins sa confiance en Grammont puisqu'il l'autorisa à repartir dès février 1685 pour attaquer la ville de Carthagène. Ce dessein dut toutefois être abandonné puisque trop de flibustiers avaient entrepris un voyage en mer du Sud. Ayant évité que d'autres n'imitassent ces derniers, Grammont, à la tête d'une douzaine de vaisseaux et d'un peu plus de mille hommes, s'empara de la ville de Campêche en juillet 1685. À la suite de cette expédition qui rapporta peu de butin, il se brouilla avec la plupart de ses capitaines, notamment avec De Graffe. Grammont se rendit alors aux Honduras où il reçut reçu l'ordre de Cussy de rentrer à Saint-Domingue. Il en appareilla avec son vaisseau et deux autres plus petits à destination de la Floride, à dessein d'attaquer la ville de San Augustin avec l'aide des Anglais de la Caroline. Mais ce projet fut contrecarré par la prise de l'un de ses trois bâtiments par les Espagnols de Floride (mai 1686) et le refus des autorités de la Caroline de traiter avec lui (vers juillet 1686). Alors, sur son vaisseau Le Hardi, il traversa l'Atlantique, probablement à dessein d'aller en Guinée ou de passer à la mer du Sud par le détroit de Magellan. Au large des Açores, peu après la prise d'un vaisseau hollandais, il périt lors d'une tempête. Vers le même moment où Grammont disparaissait, Louis XIV le nommait lieutenant de roi à Saint-Domingue.

Voir également : À propos des origines du sieur de Grammont

GREGGE, Thomas

Thomas GREGGE : flibustier anglais.

Le 8 octobre 1659, ce capitaine, commandant un bâtiment nommé The Aim, obtenait un congé du colonel D'Oyley, le gouverneur militaire de la Jamaïque, pour sortir du port Cagway (future Port Royal), avec commission du même officier pour prendre sur les Espagnols.

GRIFFIN, le capitaine Guillaume

William GRIFFIN : flibustier irlandais (probablement mort à Saint-Domingue, vers 1675).

Commandant le Petit-Nicolas, ce capitaine prit, à la Tortue, le 18 septembre 1668, une commission du gouverneur d'Ogeron pour prendre en mer sur les Espagnols et aller en course vers Trinidad. Griffin avait déjà deux vaisseaux, avec des équipages composés surtout d'Anglais et d'Irlandais, n'ayant que deux Français à ses bords. En 1675, il faisait la course depuis Saint-Domingue, s'emparant à la côte de Carthagène, vers septembre, d'un navire espagnol chargé de cacao, prise qu'il vint liquider à la Jamaïque en décembre suivant.

GROGNIET, le capitaine François

François GROGNIET, alias CACHEMARÉE : flibustier français (mort à Guayaquil, 2 mai 1687).

En 1681, ce capitaine reçut une commission du gouverneur de Saint-Domingue pour prendre sur les Espagnols par droit de représailles, puis il gagna les côtes du Venezuela. Mais, croisant dans les parages de l'île Trinidad, il y fut arrêté en janvier 1682 par le marquis de Maintenon, qui lui confisqua sa commission et lui ordonna de rentrer au Petit-Goâve, son port d'attache à Saint-Domingue. En novembre de l'année suivante, montant le Saint-François de six canons et 70 hommes, il en repartait au sein d'une flotte corsaire commandée par Laurens De Graffe et le major Beauregard, qui avait pour objectif Santiago de Cuba. Mais cette flotte s'étant dispersée, il rentra au bout de quelques semaines au Petit-Goâve. Il y joignit quatre autres bâtiments, qui, sous les ordres du sieur Bernanos, en appareillèrent en mars 1684 pour une expédition sur l'Orénoque qui trouva son dénouement par la prise, deux mois plus tard, de Santo Thomé, la principal place espagnole sur cette rivière. Avec ses associés, Cachemarée alla ensuite croiser vers les îles Trinidad et Margarita. Enfin, en compagnie de trois d'entre eux, en novembre, il relâcha à l'île Tortuga (toujours au Venezuela) où vinrent le rejoindre d'autres flibustiers auxquels Grammont avait donné rendez-vous. Mais celui-ci ne s'y étant pas présenté, Cachemarée, accompagné d'un autre capitaine nommé Lescuyer, résolut de passer à la mer du Sud par l'isthme de Panama, quittant Tortuga dans les derniers jours de l'années. Arrivés en janvier 1685 au Panama, son associé et lui, à la tête de quelque 200 hommes, traversèrent l'isthme avec l'aide des Indiens Kunas. Dans le golfe de Panama, il reçut des capitaines Davis et Swan le commandement d'un petit navire espagnol. Après sa rupture avec ces deux chefs Anglais, en juillet, il commanda en chef la plupart des flibustiers français passés à la mer du Sud, ayant un peu plus de 300 hommes sous ses ordres. Pendant environ deux ans, il rôda le long des côtes pacifiques de l'Amérique espagnole, du Mexique jusqu'au Pérou. Il se signala notamment par la prise de Granada (Nicaragua) en 1686 et celle de Guayaquil (Pérou) l'année suivante, où il mourut des suite d'une blessure reçue lors de la prise de cette ville.

GUARIN, le capitaine Mateo

Mateo GUARÍN : marin vénitien.

D'origine vénitienne, le capitaine Mateo Guarín obtint en 1684, à la Havane, une commission du gouverneur José Fernández de Córdoba pour garder les côtes de Cuba contre les flibustiers et les contrebandiers anglais et français. En novembre 1684, ayant une galiote et une pirogue sous ses ordres, il vola la chaloupe de la barque royale Boneta, envoyée à Trinidad par le gouverneur de la Jamaïque, Thomas Lynch, pour demander réparation pour une prise faite par un autre corsaire cubain. En mai 1685, il appareilla de la Havane en compagnie du capitaine Alejandro Tomás de León. Le mois suivant, dans les parages de Puerto Príncipe, ils capturèrent la frégate Coronet, du contrebandier anglais Thomas Chandler, mais alors commandée par Jean-Baptiste Decaux, officier du flibustier Michel Andresson, qui avait réquisitionné le navire pour faire la course avec lui. Son meilleur fait d'arme survint lors de son expédition suivante. En octobre, mouillant avec ses deux pirogues dans la lagune de Cotés, il reçut l'ordre du gouverneur civil de la Havane, Manuel de Murguia, d'aller attaquer Laurent De Graffe, qui revenait de la prise de Campêche et que les Espagnols supposaient être à la rivière voisine de Cuyaguateje, mais il ne l'y trouva pas. Il poussa ensuite jusqu'à Saint-Domingue et captura un canot qui portait au gouverneur Cussy deux lettres du marquis de Seignelay, secrétaire d'État aux colonies. Il voulut ensuite tenter une descente à Nippes, mais il fut découvert, et débarqua à la Grande Anse où il pilla notamment la plantation que De Graffe possédait conjointement avec le major Beauregard. Il se retira ensuite à Santiago de Cuba avec une centaine d'esclaves en butin. Il remana aussi la maîtresse de De Graffe, une certaine Olaya de Escube, une mulâtresse libre enlevée lors du sac de Veracruz, avec le fils âgé de cinq mois qu'elle avait eu du flibustier néerlandais. Rentré à la Havane en novembre, il fut renvoyé en course par le gouverneur militaire de la Havane, Andrés de Munibe, encore une fois contre De Graffe et ses capitaines, qui avaient signalé une seconde fois aux côtes de Cuba. Lors de cette croisière, il surprit, en février 1686, dans le port de Trinidad, les Jamaïquains Edward Goffe, commandant une pinque de 22 canons et 40 hommes, et William Peartree, sur une barque de 6 canons et 16 hommes, qui se livraient à la contrebande. Il fut toutefois vaincu par ces Anglais, qui tuèrent près des deux tiers de ses 85 hommes. Conduit prisonnier à Port Royal, il fut jugé pour piller une barque anglais et pour avoir volé le canot du Boneta. Cependant, le gouverneur Molesworth suspendit l'exécution de la sentence, car Guarín avait traité ses prisonniers avec humanité et que sa commission de garde-côte était valide, et il espérait aussi s'en servir pour l'échanger contre des Espagnols. En juin, le roi James II lui accorda son pardon, et dès novembre, Guarín retourna à la Havane où il fut emprisonné quelques temps à la suite d'une poursuite intentée par les maîtres présumés d'esclaves qu'il avait repris aux Français. En mars 1687, il était à Trinidad, où il fit construire une nouvelle pirogue et fournit des armes à son collègue Blas Corso qui partait en course contre les Français. Par la suite, et ce jusqu'en 1688, il continua son emploi de garde-côte en compagnie de John Bear, un flibustier anglais qui s'était rendu aux autorités espagnoles et s'était même converti au catholicisme, patrouillant tant les côtes de la Floride que celles de Cuba.

GUY, le capitaine Richard

Richard GUY : flibustier et planteur anglais (v. 1618 - Jamaïque, 20 juin 1681).

En septembre 1657, il était déjà capitaine flibustier à la Jamaïque, où le colonel D'Oyley, le gouverneur militaire, lui fit délivrer de la poudre pour son bâtiment. Un an plus tard, son navire The Hopeful Adventure ayant été réquisitionné pour deux mois au service de l'état, il alla croiser à la côte de Carthagène en compagnie du capitaine Myngs, commandant le navire de l'état Marston Moor. En décembre 1659, commandant un bâtiment nommé The Hopewell Adventure, il obtenait l'une des premières commissions délivrées par D'Oyley pour prendre sur les Espagnols. En mai 1660, il faisait une prise transportant 14 775 pièces de huit, et, le mois suivant, une autre. Au début de novembre 1662, commandant cette fois la frégate America, il obtint une autre commission à la Jamaïque. Il était probablement alors associé au capitaine William James qui reçut à la même date une semblable commission du gouverneur de cette île; l'un se portant alors caution pour le navire de l'autre et vice versa; tous deux ont pu prendre part à la prise de Campêche (janvier 1663) sous les ordres du capitaine Myngs. Guy semble avoir fréquenté l'île la Tortue cette même année. En juillet 1663, en compagnie de quatre autres flibustiers anglais, il participa aux îles Cayman au pillage d'un négrier néerlandais. Cependant, en avril 1664, montant toujours la même frégate, il mena à Port Royal une prise espagnole qu'il avait faite à la côte est de l'île Hispaniola, laquelle lui adjugée par le gouverneur adjoint Lyttleton. Il acquit ensuite plusieurs terres à la Jamaïque et y devint un important planteur, étant dès 1666 considéré comme l'un des flibustiers, aux côtés des capitaines Harmenson et Brimacain, étant à la tête de belles plantations. En effet, en 1670, il en possédait plusieurs dans les paroisses à l'ouest de Port Royal. Dans les années 1670, Il fut élu plusieurs fois membre de l'Assemblée de la Jamaïque. En janvier 1670, dans la paroisse de Saint Catherine, il avait épousé en premières noces Frances Bedle, puis en 1674 Mary Davenport, dont il eut quatre enfants.