Le Diable Volant

Figures de Proue

un dictionnaire biographique de la flibuste

HADSELL, Charles

Charles HADSELL : marin anglais.

Maître de la pinque The Prosperous, armée à Londres, il venait de pêcher la tortue aux îles Caïmans lorsque, le 29 août 1660, il y fut capturé par un corsaire espagnol qui le mena à Santo Domingo où il demeura plus d'un an prisonnier. Transféré ensuite à La Havane, il parvint à s'en échapper en compagnie de cinq autres Anglais. Arrivé à Port Royal (Jamaïque) dans les premiers jours de février 1664, il en repartait dès le mois de juin comme capitaine du Lucretia à destination de la Nouvelle-Angleterre. Quelques jours plus tard, mouillant à Bluefield's Bay, il fut témoin de la capture de sa conserve The Blue Dove par le flibustier Duglas. Vers la fin juillet, Hadsell arriva à Boston où il témoigna contre ce pirate qui avait, lui aussi, relâché en Nouvelle-Angleterre. L'année suivante, ayant peut-être Duglas à son bord, il retourna à la Jamaïque et joignit une flotte de flibustiers jamaïquains commandée par Mansfield. Après la reprise de l'île Providence par ce dernier (mai 1666), Hadsell reçut le commandement des fortifications de l'île avec une garnison de 35 hommes. Il abandonna probablement ce poste lors de l'arrivée, peu de temps après, de renforts jamaïquains envoyés par le gouverneur Modyford. Par la suite, il semble s'être engagé dans la traite du bois de teinture dans la baie de Campêche. En effet, en août 1675, il appareillait de Port Royal pour y faire ce négoce, commandant alors un petit vaisseau à bord duquel s'embarqua comme marin William Dampier. En mars 1676, il repartait du même endroit pour un autre voyage dans la lagune de Términos, mais cette fois comme pilote du Nevis Factor, bâtiment appartenant à Richard Hall, marchand de Boston.

HALL, Jacob

Jacob HALL : flibustier anglais.

En 1675, il comptait parmi les habitants de Port Royal (Jamaïque). En mars 1680, son sloop se trouvant alors à Yallahs fut saisi par Thomas Gardner, lieutenant de la frégate royale Hunter, et conduit à Port Royal sur ordre du gouverneur Carlisle. En 1683, commandant une petite frégate, Hall se rendit dans le golfe des Honduras où il joignit la flotte de flibustiers, qui sous les ordres de Van Hoorn et De Graffe, pilla Veracruz. Après ce raid, il appareilla à destination de la Caroline, voyageant de conserve avec Grammont et le capitaine Daniel. Une fois en Caroline, Hall y acheta une plantation, ce qui lui permit sans doute d'écouler plus facilement une partie de son butin, puis ayant fait de l'eau et du bois, il remonta vers la Virginie. L'année suivante, ayant armé à New York, il retourna dans la mer des Antilles pour aller pêcher sur l'épave de quelque navire espagnol dans les Bahamas, où il joignit la flotte du capitaine Thomas Handley avec laquelle il pilla quelques missions espagnoles au nord de la Floride avant d'aller relâcher en Caroline.

HAMELIN, Jean

Pierre EGRON : flibustier français originaire d'Abbeville (mort à Saint-Thomas, 26 mars 1696), connu sous le pseudonyme de Jean HAMELIN.

En 1682, il compta au nombre des flibustiers, qui, dans le golfe des Honduras, sous les ordres du capitaine Grenezé, enlevèrent le vaisseau La Trompeuse affrété par des marchands jamaïquains. Lorsque Grenezé se débarqua avec plusieurs de ses hommes à l'île à Vache vers décembre 1682, Egron devint capitaine de la Trompeuse et, sous le nom de «Jean Hamelin» commit ensuite plusieurs piraterie contre les Anglais et les Néerlandais, tant dans la mer des Antilles qu'aux côtes d'Afrique. En Guinée, une partie de son équipage l'ayant abandonné pour suivre un certain capitaine Morgan, Hamelin retraversa l'Atlantique, toucha d'abord à la Dominique puis vint désarmer à l'île Saint-Thomas où il écoula son butin avec l'accord du gouverneur Adolf Esmit. Cependant, peu de temps après son arrivée, en août, son navire fut détruit dans le port de Saint-Thomas par la frégate du roi d'Angleterre The Francis commandé par Charles Carlile. Toujours avec la complicité d'Esmit, Hamelin et une dizaine de ses hommes s'embarquèrent dans une petite barque avec laquelle il se rendit maître d'un autre navire qu'ils rebaptisèrent La Résolution. En décembre 1683, il tenta de passer en mer du Sud par le détroit de Magellan, mais il échoua. Revenant vers les Antilles par le Surinam où une partie de ses hommes se débarquèrent, il revint à Saint-Thomas vers juin 1684 avec une prise portugaise. Par la suite, il pourrait avoir joint la compagnie du capitaine Lesage. Depuis février 1688 au moins, il vécut à Saint-Thomas où il se maria et où il était encore mentionné jusqu'au milieu de la décennie suivante.

HARMENSON, John

Jan HARMENSZOON, alias KUIPER : flibustier anglais d'origine néerlandaise (mort à la Jamaïque, 1673) connu en anglais sous le nom de John HARMENSON, dit Cooper.

En novembre 1662, il devint capitaine flibustier à la Jamaïque, recevant alors une commission pour prendre sur les Espagnols en qualité de commandant de la frégate Saint John, armée de dix canons, dans laquelle était intéressé Jacques Martin, un marchand huguenot établi à Port Royal, et avec laquelle il participa vraisemblablement à l'expédition contre Campêche sous les ordre de Christopher Myngs. L'année suivante, croisant aux côtes de Saint-Domingue, il captura deux bâtiments espagnols, mais il dut abandonner son propre navire trop endommagé lors des combats. En octobre 1663, il mena à la Jamaïque ces deux riches prises, dont la cargaison valait plus de 5000 livres sterling, surtout en cacao. En mars 1664, avec une nouvelle commission pour commander l'une de ses prises, qu'il rebaptisa The Saint John, il reprit la mer, mais il revint à la Jamaïque avant la fin de l'année faisant alors sa soumission au nouveau gouverneur Modyford. En avril 1665, il reprit du service à titre de vice-amiral de la flotte qui, sous les ordres d'Edward Morgan, attaqua les possessions néerlandaises des Petites Antilles, étant de retour à la Jamaïque avant la fin de l'année. Il avait déjà investi en terres une bonne partie des profits de ses courses précédentes puisqu'en février 1666, il était mentionné parmi les flibustiers jamaïquains qui possédaient des plantations prospères. Durant les années suivantes, il se retira d'ailleurs sur ses terres, mais il demeura encore engagé dans la course en investissant dans les armements d'autres flibustiers. Il réapparut cependant en 1669 comme capitaine d'un petit bâtiment qui accompagna Edward Collier dans une longue croisière aux côtes de Cuba et de Campêche. Durant ce voyage, il arraisonna un navire hollandais, ce qui lui valut d'être emprisonné à son retour à la Jamaïque par Modyford. Cependant, en août 1670, il fut remis en liberté et il rejoignit la flotte d'Henry Morgan sous les ordres duquel il participa à l'expédition de Panama comme commandant de la barque Endeavour. Au début de 1673, étant incarcéré à Port Royal pour quelque crime, il fut tué accidentellement par son geôlier Robert Rolfe lors d'une tentative d'évasion.

HARRIS, Peter

Peter HARRIS : flibustier anglais originaire du Kent (mort à l'île Perico, golfe de Panama, 5 mai 1680).

Il devint flibustiers après l'entreprise sur Panama (1670-71), à laquelle il aurait participé, servant probablement à bord de vaisseau jamaïquain croisant sous commission française. Il aurait obtenu son premier commandement en course lors de la prise de Santa Marta (juillet 1677). Toutefois, la première mention de Harris comme capitaine flibustier date d'octobre 1679, au moment où il s'empara d'un vaisseau néerlandais de 28 canons. Le gouverneur Carlisle envoya alors contre lui la frégate royale Success, commandé par Peter Heywood, lequel lui ramena Sawkins à la place. Le mois suivant, au sud de Cuba, Harris parvint à échapper au Success, qui avait été renvoyé à sa poursuite mais qui s'échoua sur des hauts fonds. Au début de 1680, Sawkins (qui s'était enfui de Port Royal) et lui se trouvaient à Boca del Toro, où vinrent les rejoindre des flibustiers revenant de la prise de Porto Belo. Par la suite, Harris commanda deux des sept compagnies anglaises qui passèrent à la mer du Sud par le Darien. En chemin, il se querella avec Coxon qui commandait en chef la troupe, mais leur collègue Sharpe les ayant réconciliés, ils allèrent tous ensemble mettre à sac Santa María. À la bataille de Perico, Harris eut les deux jambes cassées par un boulet lors de l'abordage d'un garde-côtes espagnol. Il mourut des suites de cette blessures quelques jours plus tard.

HARRIS, Peter

Peter HARRIS : flibustier anglais.

Neveu et homonyme du capitaine Peter Harris, il brûla son bâtiment à l'île d'Or (juillet 1684) et traversa l'isthme de Panama à la tête d'une centaine d'hommes. En route, rééditant l'exploit de son oncle, il prit, avec l'aide de 300 Indiens, Santa María où il fit un bon butin. S'étant rendu maître d'une barque et d'une pirogue, il alla vers l'île Gallera, dans la mer du Sud. Il chassa ensuite vers Panama cinq navires espagnols, ayant quelques uns des siens tués et blessés à cette occasion. En août 1684, il joignit le capitaine Swan dans le golfe de Nicoya. Après la prise de Païta, Harris brûla (novembre) sa barque et s'embarqua avec Swan. En mars 1685, il reçut le commandement d'une barque, ayant appartenu au capitaine Knight. Durant la bataille de Panama (fin mai), il s'écarta du reste de la flotte et alla à l'île Quibo. Lorsque les autres navires vinrent l'y rejoindre, Harris, dont la barque était pourrie, rallia la compagnie de Davis. En 1686, il semble avoir traversé l'océan Pacifique.

HARRIS, Thomas

Thomas HARRIS (ou HARRISON) : flibustier anglais (mort à Saint-Domingue, 1674).

Lors de l'entreprise de Panama (1670-71), il commandait la frégate The Mary, figurant en deuxième place sur la liste des corsaires de la flotte de Henry Morgan; ce qui pourrait laisser croire qu'il était l'un des principaux chefs de la flotte jamaïquaine. Auparavant, en 1670, il avait participé à la prise de Granada aux côtés de Prince et Ludbury. En 1672, il reçut du nouveau gouverneur Lynch une commission pour aller capturer un vaisseau néerlandais aux côtes de Cuba. Toutefois, deux ans plus tard, il s'embarquait avec un nommé Jones commandant le brigantin The Fortune, lequel passa chez les Français de Saint-Domingue. Jones s'étant débarqué au Petit-Goâve, Harris reçu de celui-ci le commandement de la Fortune. Il périt noyé peu de temps après en tentant de regagner le brigantin menacé par un capitaine jamaïquain envoyé contre lui par le gouverneur Lynch.

HANDLEY, Thomas

Thomas HANDLEY : flibustier anglais (Londres, v. 1650 - en mer, probablement dans l'Océan Indien, v. 1687).

En 1684, commandant la frégate The Resolution, il appareilla de Boston pour aller travailler sur l'épave du galion Maravillas dans les Bahamas. En avril 1684, il reçut du gouverneur des Bahamas, Richard Lilburne, une commission pour défendre cette colonie contre d'éventuelles attaques espagnoles. Il se retrouva ainsi à la tête d'une petite flotte de six bâtiments. Parvenu aux côte de la Floride, il joignit ses forces à la flotte commandée par Grammont vers le mois d'août de la même année. Ces deux flottes réunies avaient pour objectif une descente contre San Agustín, la capitale de la Floride, mais elles furent dispersées par le mauvais temps. Sans doute en novembre 1684, à la côte de Caracas, il s'emparait d'une flûte hollandaise, qu'il mena à l'île Beata, à la côte sud de Saint-Domingue, où, en février 1685, il partagea le butin en marchandise fait à cette occasion. Ayant abandonné sa propre frégate à la côte nord de la Jamaïque, où il avait été déclaré pirate, il gagna les Bermudes à bord de sa prise hollandaise. Aux Bermudes, où il se trouvait en juin, il fut d'abord arrêté par le gouverneur Coney, mais celui-ci le relâcha presque aussitôt et lui permit de se ravitailler dans la colonie, et le flibustier transigea son butin en fraude avec les insulaires. En compagnie d'un autre capitaine anglais nommé William Woolerly, il tenta de passer à la mer du Sud, mais les deux flibustiers se dirigèrent plutôt vers la mer Rouge et l'océan Indien, où ils firent quelques riches prises sur les Arabes et les Indiens. Par la suite, Woolerly se sépara d'Handley qui demeura dans l'Océan Indien. Il avait épousé Rebecca Young, native des Bermudes, qui lui donna une fille Elizabeth (1680-1726).

HEANE, le major-général James

James HEANE : soldat anglais (mort devant Santo Domingo, 5 mai 1655).

Major d'un régiment de cavalerie en 1645, il fut nommé deux ans plus tard gouverneur de Weymouth. En mai 1650, il fut promu colonel et autorisé à lever un régiment d'infanterie. Ainsi en octobre 1651, il commanda les troupes qui assistèrent la flotte de Robert Blake lors de la reprise de l'île de Jersey. En 1654, en prévision du Western Design, cet ardent puritain fut nommé major-général de l'armée de Venables, dans laquelle il commandait aussi un régiment d'infanterie. Lors de la seconde tentative pour attaquer Santo Domingo, il fut d'avis, avec d'autres officiers supérieurs, de diviser l'armée en deux corps, conseil qui ne fut pas suivi par leur chef Venables. Lors de l'assaut et de la déroute qui s'en suivit, Heane et quelques autres officiers firent face aux Espagnols et furent tués en combattant.

HEWET, le capitaine

HEWET : flibustier anglais.

Dans les années 1675-1677, il se distingua par plusieurs descentes contre les établissements espagnols voisines de la baie de Campêche. À la tête de 200 hommes, il prit ainsi Villahermosa, mais échoua devant Estapa, perdant plusieurs hommes et étant lui-même blessé à la jambe. À une autre occasion, quelques uns de ses gens et ceux de son associé capitaine Reaves périrent noyés en sortant, sur des canots, de la rivière Dos Bocas. De nouveau associé à Rives, il appareilla de l'île de Triste pour la rivière Coatzalcoalco pour faire descente à Acayuca; mais leur dessein échoua en raison de la saison des pluies. Vers 1676, il captura un navire espagnol près de la rivière Tabasco.

HOLLOWAY, le capitaine

HOLLOWAY : marin anglais.

En 1685 ou 1686, en compagnie d'un certain Chapman, il alla en Caroline où les deux, qualifiés plus tard de pirates par les autorités, furent bien accueillis par les habitants; il s'agit probablement de pseudonymes utilisés par les capitaines Bartholomew Sharpe et John Markham qui revenaient de la prise de Campêche (juillet 1685).

d'HULOT, le sieur

sieur d'HULOT : officier français.

Ayant participé aux campagnes d'Alger (1681-82) sous les ordres du chevalier de Léry, il passa à Saint-Domingue avec le sieur de Cussy, nouveau gouverneur de cette colonie (1684). Ce dernier le fit embarquer sur le Hardi comme lieutenant du sieur de Grammont avec lequel d'Hulot fit la course de juillet 1684 à décembre 1685. Par la suite, en 1687, il reçut le commandement d'une compagnie de soldats envoyée à Saint-Domingue sur la frégate du roi Le Marin. En 1688, il repassa en France, apportant avec lui les mémoires de Ravenau de Lussan et d'autres flibustiers qui avaient fait le voyage à la mer du Sud pour les présenter au marquis de Seigneley. Un document français anonyme pourrait laisser croire que d'Hulot était le neveu de Cussy.