OGERON, le sieur d'
Bertrand OGERON, sieur de La Bouëre : officier et administrateur français (Rochefort-sur-Loire, 19 mars 1613 - Paris, 31 janvier 1676).
Fils de Bertrand Ogeron, marchand qui affermait de gros domaine, et de Jeanne Blouin, il obtint (1641) le grade de capitaine au régiment de la Marine et se signala dans la guerre de Catalogne (1646-1649). Ses services valurent la noblesse à sa famille. À la mort de son père (29 juin 1653), il lui succéda comme seigneur de La Bouëre, vivant en Anjou jusqu'en 1655 et devenant propriétaire du cimetière des Noyes, à Angers. En 1656, il s'engagea dans la compagnie fondée pour coloniser la rivière Onantinigo. Arrivé à la Martinique (septembre 1657), il renonça à son projet à la suite de rapports défavorables. Il se rendit ensuite à Saint-Domingue. Mais, ayant fait naufrage à Léogane, il fut contraint de mener la vie de boucanier. Ayant gagné 600 livres à ce métier, il repassa en France et revint à Saint-Domingue avec une cargaison de vin et d'eau-de-vie, mais il fut escroqué par un marchand français de la Jamaïque. Ayant obtenu l'aide de l'une de ses soeurs, il arma à Nantes un navire sur lequel il passa au Port-Margot avec plusieurs colons et engagés. Nommé gouverneur de la Tortue grâce à l'appui de Clodoré, gouverneur de la Martinique, Ogeron continua son oeuvre de peuplement qu'il avait entrepris comme simple particulier, faisant venir de France de nombreux colons mais aussi des filles à marier. À la fin de 1668, il revint en France pour faire renouveler ses pouvoirs et proposer à Colbert un établissement en Floride. De retour à la Tortue avec de nombreux Angevins, il dut, peu après, faire face à une révolte des habitants (1670), qui se soulevèrent contre lui et la Compagnie des Indes occidentales qui entravait le commerce avec les Hollandais. Après cette révolte, sa popularité diminua dans la colonie. En 1673, sur ordre de M. de Baas, gouverneur général des Antilles françaises, il réunit quelques centaines d'aventuriers mais il fit naufrage à Porto Rico et tomba aux mains des Espagnols. S'étant échappé, il monta, à son retour à la Tortue, une expédition contre San Juan de Puerto Rico qui se révéla un échec. En janvier 1675, à la suppression de la Compagnie, d'Ogeron reçut la permission de passer en France avec le projet d'une conquête complète de Saint-Domingue, mais il ne partit qu'à la fin de l'année. Malade au départ, il arriva épuisé à Paris. Avant sa mort, il ne put approcher le Roi ni son ministre.
LOLONNAIS, le capitaine
Jean FRANÇOIS, dit L'OLONNAIS : flibustier français (mort à la côte de Carthagène, 1668), originaire des Sables-d'Olonne, d'où son surnom.
Le capitaine Jean François, dit François l'Olonnais, fut le premier Français de la grande époque de la flibuste à être entré dans la légende, surtout grâce au récit d'Exquemelin. Dépeint comme cruel, voire sadique, homme résolu mais mauvais chef, il commanda, en effet, les premiers grands armements des flibustiers français de Saint-Domingue contre les Espagnols. En provenance de La Rochelle, il commença sa carrière en Amérique comme simple engagé dans les Petites Antilles, puis il devint boucanier à la côte de Saint-Domingue. Passé à la flibuste, il se vit confier, vers 1663, le commandement de son premier navire en course par le sieur de la Place, gouverneur de la Tortue. Ses débuts comme capitaine se révélèrent décevants, étant ponctué notamment d'un naufrage au Yucatan. Fin 1665, commandant une petite frégate de cinq canons à la côte nord de Cuba, il massacre tout l'équipage d'un petit bâtiment sorti du port de la ville de Cayo venu à la défense d'une barque de traite dont le flibustier voulait s'emparer. À son retour à la Tortue, il s'associa Michel d'Aristigny, lui-même ancien flibustier et l'un des officiers du nouveau gouverneur Ogeron, et ensemble ils montèrent une expédition contre les établissements espagnols du lac de Maracaïbo. D'Aristigny devant commandé les troupes à terre, L'Olonnais fut choisi pour diriger la flotte d'une dizaine de petits bâtiments, dont les deux plus gros, étaient deux prises espagnoles, l'une chargée de cacao et l'autre de munitions, faites avant de quitter les côtes de Saint-Domingue, avec en tout moins de 500 hommes. En juillet et août 1666, ils prirent et pillèrent la ville de Maracaïbo puis le bourg de Gibraltar rapportant à la Tortue le plus impressionnant butin que l'on y ait vu, d'une valeur de plus de 350 000 pièces de huit, dont 260 000 en argent monnayé. La réputation de L'Olonnais était alors telle que le gouverneur Modyford tenta de l'attirer à la Jamaïque par l'entremise du capitaine Thomas Clarke. Avec l'appui d'Ogeron il médita une autre entreprise, dont il assuma cette fois seul le commandement en chef. Il s'agissait de parachever l'exploit de David Martin et de ses associés jamaïquains deux ans plus tôt au lac de Nicaragua. À cette fin, l'Olonnais disposait d'un guide indien originaire de cette contrée, venu à la Tortue avec le capitaine Martin et qui avait même participé à l'expédition de Maracaïbo. En mai 1667, il appareillait de la colonie avec 600 hommes, embarqués pour moitié dans une grande flûte de 26 canons ramenée de Maracaïbo et nommée Le Saint-Jean, et le reste dans six petits bâtiments. Via l'île de Cuba, l'Olonnais alla d'abord au golfe des Honduras, où il s'empara des entrepôts de Puerto Caballos, puis du bourg de San Pedro de Ulua. Il passa ensuite dans le golfe d'Amatique où il surprit, en novembre, la hourque San Francisco de Aziz, dont il fit son navire amiral, et le mois suivant ce fut au tour d'une excellente frégate cubaine. La saison étant désormais trop avancée pour aller au Nicaragua, l'Olonnais passa quatre mois parmi les petites îles à la côte orientale du Yucatan pour caréner ses deux dernière prises. En mai 1668, en arrivant au cap Gracias a Dios, sa flotte rencontra celle de l'amiral jamaïquain Henry Morgan, qui lui proposa de l'accompagner à Portobelo, mais les Français refusèrent. L'Olonnais perdit cependant à cette occasion son guide indien qui se réfugia auprès de Anglais. Après le départ de ceux-ci survint une tempête qui dispersa la flotte française, et la plupart des capitaines français, sous la conduite de Moïse Vauquelin, vice-amiral de l'expédition, en profita pour abandonner leur chef. Se retrouvant seul avec 200 hommes, l'Olonnais échoua sa hourque sur des récifs aux Corn Islands, au large du Nicaragua. S'embarquant dans des canots et des pirogues, avec 120 hommes, il alla à la rivière San Juan, la porte d'entrée du lac de Nicaragua. En septembre, en remontant cette rivière, il fut attaqué par le capitaine Juan de Medina Coto et ses hommes, dépêchés en hâte de Granada contre les envahisseurs, qui eurent le dessus sur lui. Ayant perdu plusieurs des siens lors de cet affrontement, L'Olonnais retourna aux Corn Islands, où 53 flibustiers décidèrent d'abandonner leur chef et de retourner à la Tortue avec une barque qu'ils construisirent avec les débris de la hourque. Quant à l'Olonnais, il prit la route de la côte de Carthagène avec moins d'une centaine d'hommes. En chemin, dans les derniers jours de l'année, alors qu'il se trouvait au Darien, il fut tué par les Indiens qui, selon la rumeur, se seraient repu de ses restes.
OUTLAW, John
John OUTLAW : marin anglais.
En avril 1665, il commandait The Olive Branch, un petit bâtiment de six canons, avec 96 hommes d'équipage, au sein de la flotte qui appareilla de la Jamaïque sous les ordres du lieutenant-gouverneur Edward Morgan en prévision d'une expédition contre les Antilles néerlandaises. Mais au début de juillet, dans le canal de la Floride, son navire étant mauvais voilier et étant à court de vivres, il ne put suivre le reste de la flotte et dut aller relâcher en Virginie. En novembre, alors que la majorité des flibustiers engagés dans cette entreprise étaient de retour à Port Royal, Outlaw n'était toujours pas rentré à la Jamaïque. Un capitaine du même nom est mentionné en Nouvelle-Angleterre dans les années 1665-1668.
OVINET, Pierre
Pierre OVINET : flibustier français (La Rochelle, 1636 - Cartagena de Indias, septembre 1681).
Selon son propre témoignage, il débuta sa carrière comme corsaire à Saint-Domingue en 1665, peut-être déjà comme capitaine. Selon Exquemelin, il avait un cousin surnommé Le Grand Ovinet, et tous comptèrent parmi les chefs flibustiers que le gouverneur Ogeron réunit pour une expédition contre Curaçao (1673) par ordre du gouverneur des Isles d'Amérique, mais il est probable aussi que ce soit plutôt pour l'entreprise de 1678, sous les ordres de Pouancey, le neveu d'Ogeron, à la demande du comte d'Estrées. Fin 1676, le capitaine Pierre Ovinet, qui avait son habitation au Petit-Goâve, fut l'un des capitaines qui se réunirent à Saint-Domingue sous les ordres du marquis de Maintenon, avec qui il participa, au début de l'année suivante, à la prise de la ville d'Ascunsión, la capitale de l'île Margarita. En 1678, il commandait un petit bâtiment dans la flotte qui, sous le commandement du gouverneur Pouancey en personne, joignit la flotte du comte d'Estrées dans les Petites Antilles. Après le naufrage de l'île d'Avés, il accompagna Grammont au lac de Maracaibo, mais son bâtiment n'entra pas dans la lagune, lui-même ne participant pas aux combats ni aux pillages. En 1679, il fit une course vers Cuba, et à la côte de la Havane, il captura une petite frégate de 30 tonneaux chargée de farine et de cordage. Commandant la petite barque La Madeleine, de dix-huit tonneaux, avec 42 hommes d'équipage, il reçut en janvier 1681 une commission du gouverneur Pouancey pour faire la guerre aux Espagnols par droit de représailles, et il fit partie de la flotte, commandée capitaine Tocard, qui tenta sans succès le mois suivant une expédition contre Santiago de Cuba. Après cet échec, il suivit Tocard aux côtes de Santa Marta, de Carthagène puis de Panama, où se forma une autre flotte à dessein d'aller surprendre Cartago, la capitale du Costa Rica. Cette flotte s'étant dispersée, il alla caréner à Boca del Toro. Ayant résolu de rentrer à Saint-Domingue, il fut déserté par la plupart de ses hommes, et avec seulement 13 marins, il retourna à la côte de Carthagène. Là, le 3 septembre, à la pointe de Zamba, il fut arraisonné par deux galions et une patache revenant de la côte de Santa Marta, où ils avaient été envoyés pour chasser des pirates. Conduit prisonnier dans le port de Cartagena avec ses hommes, il fut jugé pour piraterie par le licencié Francisco Torrejón y Velasco, avocat général de l'Armada des galions, commandée par le marquis de Brenes. Il fut condamné à mort puis pendu avec trois de ses hommes, le reste de son équipage étant condamné aux travaux forcés dans les mines de Huancavelica, au Pérou.