Le Diable Volant

Figures de Proue

un dictionnaire biographique de la flibuste

MADÈRE, le capitaine

Philippe DEMESOILE, alias MADÈRE : flibustier français.

Il participa au voyage en mer du Sud, entrepris par une partie des flibustiers de Saint-Domingue au début de 1685, sous le commandement des capitaines Cachemarée, Lescuyer, Rose, Le Picard et Desmarais. Il revint aux Antilles en traversant les Honduras en avril 1688, et compta au nombre de la cinquantaine de flibustiers français qui passèrent du cap Gracias a Dios à Port Royal (Jamaïque). Là, Demesoile et ses camarades furent arrêtés par Stephen Lynch, l'agent de sir Robert Holmes, chargé de supprimer la flibuste dans les colonies britanniques. Privé de sa part de butin par Lynch, il parvint à regagner Saint-Domingue d'où il arma un petit vaisseau pour se dédommager aux dépens des Anglais de la perte qu'il avait subi à la Jamaïque. En octobre 1688, il captura ainsi le sloop Friendship, commandé par Robert Tapley. La France et l'Angleterre étant entrées en guerre l'une contre l'autre quelques mois plus tôt, l'action de Demesoile se trouva justifiée. Mais, au printemps 1691, commandant un brigantin de huit canons et de 66 hommes, il fut capturé à la côte de Cuba par une flottille jamaïquaine comprenant les HMS Guernsey et Swan.

MAGGOT, Thomas

Thomas MAGGOT : flibustier anglais.

En 1674, commandant le ketch The Trial, il fut capturé par les Espagnols puis conduit prisonnier à la Havane. En février 1679, il compta au nombre des prisonniers anglais que le gouverneur Francisco Rodríguez de Ledesma remis au capitaine Josiah Tosier, commandant la frégate royale The Hunter. De retour à la Jamaïque, il obtint le commandement d'un petit sloop, puis dans les derniers jours de cette même année, il se trouvait à Port Morant en compagnie de quatre autres capitaines qui, comme lui, portaient congé du gouverneur Carlisle pour aller charger du bois de teinture au Honduras. Quelques semaines plus tard, en février 1680, sous les ordres de son associé Coxon, il participa à la prise de Puerto Belo. Lorsque ses associés passèrent à la mer du Sud en avril 1680, il garde leurs bâtiments à l'île d'Or en compagnie du capitaine Allison. Au retour de Coxon de ce voyage, il est vraisemblable de croire qu'il repartit en sa compagnie vers la Jamaïque, et qu'il était commandant de l'un des deux petits bâtiments qui accompagnait ce capitaine et qui furent pris par le Hunter, par ordre du gouverneur Carlisle, mais dont les équipages se sauvèrent dans le navire de Coxon.

MAINTENON, le marquis de

Charles François d'ANGENNES, marquis de MAINTENON : marin français (Chartres, 5 décembre 1648 - Martinique, avant avril 1691).

Fils de feu Louis marquis de Maintenon et de Marie Le Clerc du Tremblay, il était enseigne de vaisseau à Toulon en 1669 et arriva aux Antilles, l'année suivante, sur le petit navire du roi La Sibylle, qu'il commanda (1672-1673) au décès de son capitaine. En 1673, revenant de l'expédition de Curaçao en compagnie du gouverneur général Baas, il fut envoyé reprendre des bâtiments anglais mouillant à la côte de Saint-Domingue et qu'avaient abandonnés là un flibustier néerlandais. De retour en France, il ratifie, le 22 décembre, à Nogent-le-Rotrou, la vente de la seigneurie de Maintenon faite par son tuteur François de Triboeil, sieur de Coudré, à Odet de Riants marquis de Villeray. L'année suivante, il était à nouveau Antilles comme capitaine corsaire et mena quelques prises espagnoles à Saint-Domingue et à la Jamaïque, puis il se retira en France. En octobre 1675, commandant une frégate de 24 canons, il appareillait de Nantes pour un second voyage en course dans la mer des Antilles. Dans la seconde partie de 1676, il réunit à Saint-Domingue une dizaine de bâtiments flibustiers, portant au total 800 hommes. Avec cette flotte, au début de 1677, il attaqua et s'empara de la capitale de l'île Margarita et de Nueva Valencia à la côte de Cumana, ce qu'il fit sans grand profit. Il vint désarmer sa frégate au Petit-Goâve mais son équipage l'y saborda (mai 1677) pour éviter qu'elle tombe aux mains d'une escadre néerlandaise. À la fin de cette même année, il rentra en France à bord de la Grande Bourse d'Amsterdam, une prise hollandaise. En 1678, de retour en Amérique, il épousa à Saint-Christophe Catherine Giraud, fille de Pierre Giraud du Poyet, capitaine de milice dans cette colonie; elle lui apporta en dot le quart de la plantation de la Montagne à la Martinique, dont il acheta lui-même le reste l'année suivante. Le 24 avril 1679, il est nommé gouverneur de l'île Marie-Galante, et quelques mois plus tard, il s'embarque à bord du Triomphant pour servir de pilote à l'amiral d'Estrées. En 1681, il appareillait de France au commandement du navire du roi La Sorcière pour nouer des relations commerciales en Amérique avec les colonies espagnoles, ayant obtenu le monopole du commerce français avec les Espagnols du Venezuela : durant cette croisière, il confisqua les commissions de certains flibustiers relevant de Saint-Domingue. En 1685, il fut démis de son poste de gouverneur de Marie-Galante, où il n'avait résidé que quelques mois en cinq ans, et il se retira ensuite à la Martinique où ils possédaient des terres.

MALHERBES, Abraham

Abraham MALHERBES : flibustier français.

En avril 1665, il commandait une galiote armée d'un canon dans la flotte qui appareilla de la Jamaïque sous les ordres du gouverneur adjoint Edward Morgan pour une expédition contre les colonies néerlandaises des Petites Antilles. Après la prise des îles Saint-Eustache et Saba, il rentra à la Jamaïque. À la fin de l'année, il compta sûrement au nombre des flibustiers qui se placèrent sous les ordres d'Edward Mansfield, car il fut l'un des capitaines de celui-ci lors de son expédition au Costa Rica. Toujours sous les ordres de Mansfield, il participa à la prise de l'île Santa Catalina (Providence Island) en mai 1666. Il retourna ensuite à la Jamaïque, et il revint à Providence porter des hommes et du matériel.

MANSFIELD, Edward

Edward MANSFIELD ou MANSELL : flibustier anglais (mort à La Havane, après 1669) .

Il pourrait avoir été membre, à titre de sergent, de l'expédition de William Jackson dans la mer des Antilles (1642-1645). La plus ancienne référence qui le mentionne comme capitaine corsaire remonte en décembre 1660 alors qu'il reçoit à la Jamaïque un congé du gouverneur D'Oyley pour aller en course contre les Espagnols. En 1663, il commandait un brigantin dans la flotte de Christopher Myngs et participa sous ses ordres à la prise de Campêche, prenant même la relève du commandement en mer lorsque celui-ci fut blessé au cours de cette entreprise. À la fin de cette année, il montait un petit brigantin dans la flotte corsaire jamaïquaine. En octobre 1665, il fut choisi par ses pairs comme général ou commandant en chef d'une flotte jamaïquaine que le gouverneur Modyford essaya d'envoyer contre Curaçao, car l'Angleterre était alors en guerre contre les Provinces Unies. Peine perdue, Mansfield attaqua plutôt Sancti Spiritu, à Cuba, qu'il pilla le jour de Noël 1665. Rejoint par quelques capitaines français de la Tortue, ayant alors 14 navires et 700 hommes, son intention était de s'emparer Granada, au lac de Nicaragua, mais les conditions climatiques l'empêchèrent de remonter la rivière San Juan. Il décida de tenter sa chance contre Cartago, au Costa Rica, avec l'appui des Indiens Talamancas. Après la prise du village de Turrialba, en avril 1666, son dessein étant découvert, il jugea préférable de l'abandonner. Déserté par une partie de ses capitaines, n'ayant plus que quatre bâtiments avec lui, il tenta un dernier coup, qui réussit : il reprit aux Espagnols, le 26 mai 1666, l'île Santa Catalina, jadis colonie anglaise sous le nom de Providence Island. Laissant sur place une garnison, il rentra à la Jamaïque où il offrit sa conquête au gouverneur Modyford. Il reprit ensuite la mer, mais il fut capturé en 1667 par les Espagnols, qui le menèrent prisonnier à la Havane. Il fut sorti temporairement de sa captivité dès 1669 pour servir de pilote à une flotte commandée par Alonso de Campos, celle-là même que Henry Morgan défit en sortant du lac de Maracaïbo quelques mois plus tard. Renvoyé à la Havane, Mansfield y aurait encore été prisonnier en 1672, alors que la reine-régente d'Espagne ordonne son exécution pour ses pirateries passées.

MARCUS, Pieter

Pieter MARCUS : marin zélandais originaire de Flessingue.

Croisant de conserve avec son compatriote Constant, il se rendit à la côte Saint-Domingue en 1670 et suscitèrent la révolte des habitants contre le gouverneur Ogeron et la Compagnie des Indes occidentales. En 1673, il montait le Ram, de 36 canons et 160 hommes, faisant partie de la flotte corsaire de Flessingue qui se trouvait alors aux larges des côtes espagnoles. Plus tard, cette même décennie, il commandait le Witte Lam, de 24 canons, avec lequel il faisait la course contre les Français, mais surtout de la contrebande avec les Espagnols. Il perdit d'ailleurs ce bâtiment aux mains de flibustiers commandés par Peter Harris en 1679.

MARQUAND, le capitaine

MARQUAND : colon français.

Capitaine de milice au Cap depuis 1680, il devint membre du Conseil supérieur de Léogane (1686). En 1680, il avait été le chargé de pouvoir de la veuve du calviniste Gobin, lequel s'était établi au Cap, l'un des premiers, avec le flibustier Pierre Lelong (1670).

MARTIN, David

David MARTEN : flibustier néerlandais.

Depuis au moins 1651, il servit sur des bâtiments corsaires ou marchands croisant dans la mer des Antilles. Il obtint probablement son premier commandement comme flibustier quelques années après la conquête de la Jamaïque par les Anglais. En effet, en 1663, il reçut du gouverneur de cette île une commission pour prendre sur les Espagnols montant alors la barque The Charity. Sur ce petit bâtiment de 25 tonneaux avec 43 hommes d'équipage, il s'associa (vers janvier 1665) à Henry Morgan et quelques autres capitaines anglais, avec lesquels il pilla deux bourgs sur la rivière Tabasco, la ville de Trujillo (Honduras) et enfin celle de Granada (au lac de Nicaragua). Après cette expédition (vers août 1665), ayant à son bord quelques Indiens du Nicaragua qui s'étaient alliés aux flibustiers, Marten jugea préférable de ne pas rentrer à la Jamaïque, où il croyait être mal reçu en raison de l'état de guerre régnant alors entre l'Angleterre et les Provinces Unies. Il préféra se retirer à l'île de la Tortue chez les Français. Mais, avant le mois de novembre 1665, il se trouvait à la Guadeloupe où il fournit des informations sur le Yucatán et les Honduras au gouverneur du Lion. Toutefois, dès le début de l'année suivante, il pourrait avoir joint la flotte de son compatriote Mansfield qui fit descente au Costa Rica puis reprit l'île Providence aux Espagnols. Il relevait alors bel et bien de la Tortue, puisque en août 1666, alors qu'il commandait deux navires montés par 160 hommes, il faisait savoir au gouverneur de la Jamaïque qu'il était disposé à mener ceux-ci à Port Royal et passer lui-même au service de l'Angleterre. Ce fut apparemment le cas. En 1668, Marten semble avoir participé à la prise de San Augustin (Floride) en compagnie du capitaine Searles. En 1670, il avait abandonné la course, trafiquant alors dans la baie de Campêche pour y charger du bois de teinture qu'il portait à la Jamaïque: à cette époque, il commandait toujours la Charity. Mais, lorsque les hostilités reprirent entre les Jamaïquains et les Espagnols en 1670, Marten prit une commission du gouverneur Modyford pour prendre sur les seconds. Mais, avant la fin de 1671, l'arrivée d'un nouveau gouverneur à la Jamaïque renversa cette politique, et Marten refusa de se soumettre et continua à pirater dans la baie de Campêche. Là, il fut arrêté par le navire du roi The Assistance, dont le capitaine saisit sa barque et sa cargaison de bois. Il rentra ensuite à Port Royal où, en 1672, il était encore recensé parmi les marins résidant dans ce port.

MARTIN, Robert

Robert MARTIN : flibustier français originaire de Honfleur.

À la fin de 1648, ce corsaire vint vendre à La Rochelle une cargaison de cacao provenant de deux prises espagnoles faites aux Antilles sous la commission du gouverneur de la Tortue. En 1652, il est signalé comme allant en course sur une frégate tous les ans aux côtes de Campêche où il capturait des Indiens pour les vendre à la Tortue. Ce capitaine Martin est sans l'ombre d'un doute l'un des assassins du gouverneur Levasseur. Après la défaite du chevalier de Fontenay contre les Espagnols (janvier 1654), avec son complice et associé Thibault, il courut encore le bon bord dans la mer des Antilles.

MARTIN, le capitaine

MARTIN : marin français.

Commandant un navire de Honfleur, Le Roi David, il perdit un bras lorsque l'amiral hollandais Binckes attaqua les bâtiments marchands français mouillant au Petit-Goâve en juillet 1676.

MASSERTIE, Étienne

Étienne MASSERTIE : flibustier français originaire de Bordeaux (mort en France, au début de 1695).

En mai 1686, il était l'un des membres de l'équipage du Saint-Nicolas, une prise flessinguaise faite par le capitaine Lesage, qui entra dans la baie de Samana. Il se trouva ainsi à participer à un voyage de pillage contre les Espagnols en mer du Sud (1687-1693)sous les ordres de Franc Rolle. Au retour de cette expédition, après une l'escale à Cayenne, il mena le navire à La Rochelle où il arriva en septembre 1694. Massertie se rendit ensuite à Bordeaux où, par l'entremise de M. Lombard, l'intendant Bégon tenta d'obtenir copie du journal qu'il avait tenu durant son voyage à la mer du Sud.

Pour en savoir plus, consulter l'article Lorsque les flibustiers prenaient la plume : le dossier "Massertie.

MATHIEU, le capitaine

MATHIEU : flibustier français(?).

Ce capitaine commandait l'un des bâtiments de la flotte de Grammont au retour de l'entreprise de Maracaïbo (1678).

MINGUET, le chirurgien

André MINGUET : chirurgien et flibustier français (vers 1640 - Dondon, Saint-Domingue, 1722).

Après avoir participé à la prise de Carthagène, il obtint du gouverneur Ducasse une concession (11 septembre 1698) au trou du Dondon dont il devint le premier habitant. Sur son habitation, il entretint un hôpital où il recevait indifféremment Français et Espagnols.

MITCHELL, Adrian

Adrian MITCHELL : flibustier anglais.

Ce capitaine prit en 1662 une commission en guerre à la Jamaïque. En mars 1663, montant le Blessing, il porta, à Port Royal, la nouvelle du succès de la descente du capitaine Myngs à Campêche, entreprise à laquelle il avait participé. En 1670, il commandait un bâtiment jamaïquain chargeant du bois de teinture dans la baie de Campêche.

MITCHELL, David

David MITCHELL : marin écossais (vers 1642 - juin 1710), fait chevalier (1694) par le roi William III : .Sir David Mitchell.

À l'âge de 16 ans, il commença son apprentissage du métier de la mer auprès du maître d'un navire de Leith. Durant la seconde guerre anglo-néerlandaise (1665-1667), alors qu'il était second à bord d'un navire faisant la traite dans la Baltique, il recruté par la Royal Navy. En 1684, il fut envoyé la Jamaïque pour commander le Ruby, qui y était assigné en station et dont le capitaine était mort. Ce commandement lui donna l'occasion de rencontrer plusieurs fameux flibustiers, dont Grammont et De Graffe. En mai 1686, il reçut l'ordre de rentrer en Angleterre avec le Ruby. En 1688, à Beachy Head, il commandait l'Elizabeth, de 70 canons, puis il s'éleva au grade de vice-amiral de l'escadre bleue (février 1693). En 1697, en qualité de vice-amiral, il commandait le York, et ce fut à son bord que le tsar de Russie, Pierre le Grand, s'embarqua à Amsterdam pour aller à Londres : le tsar apprécia tellement Mitchell, qui parlait le néerlandais tout comme lui, qu'il obtint du roi William III que le capitaine écossais lui serve d'interprète officiel durant son séjour. De 1699 à 1702, il fut l'un des commissaires de l'Amirauté, puis il fut membre du Conseil du Grand Amiral d'Angleterre jusqu'en 1708. En 1698, il avait été nommé huissier de la Verge noire, fonction qu'il occupa jusqu'à sa mort.

MODYFORD, Sir James

James MODYFORD : marchand et administrateur anglais (London, Middlesex, v. 1625 - Saint Andrews, Jamaïque, 23 janvier 1673), créé baronet MODYFORD of London en février 1661.

Fils de John Modyford et de Maria Walker, il obtint, en février 1667, une commission de lieutenant-gouverneur de la Jamaïque, comme adjoint de son frère Sir Thomas. À son arrivée à Port Royal (juillet), il fut nommé premier juge de la Cour de l'amirauté de la colonie. Intéressé comme son frère dans les armements des flibustiers, il fut désigné pour aller gouverner l'île Providence, reconquise par Henry Morgan en 1670, mais il y envoya l'un de ses adjoints. Sa commission fut révoquée en même temps que celle de son frère.

MODYFORD, Sir Thomas

Thomas MODYFORD : juriste, marchand et administrateur anglais (Lincoln's Inn, Middlesex, v. 1618 - Saint Jago de la Vega, Jamaïque, 1/11 septembre 1679), créé baronet MODYFORD of Lincoln's Inn en mars 1664.

Fils de John Modyford (ancien maire d'Exeter) et de Maria Walker, il épousa en 1640 Elizabeth Plamer. Aocat plaideur de profession, il émigra, en 1647, à la Barbade où il devint un planteur sucrier fort prospère, exerçant ensuite plusieurs fonctions officielles dans l'île, qu'il gouverna d'ailleurs brièvement en 1660, en sa qualité de doyen du conseil. De sympathie royaliste durant la guerre civile, il n'en négocia pas moins la reddition de la Barbade à la flotte du Commonwealth en 1651, et Cromwell lui-même sollicita son avis lorsqu'il organisa l'expédition contre les colonies espagnoles qui se terminera par la conquête de la Jamaïque. Il aida d'ailleurs Venables, le général de cette expédition, à recruter des hommes lors de son passage à la Barbade. Ses liens de parenté avec le général George Monk, devenu duc d'Albemarle, chef militaire du royaume au décès de Cromwell et l'un des artisans du retour des Stuart sur le trône anglais, lui valurent d'être nommé, en février 1664, gouverneur de la Jamaïque, étant créé baronet pour l'occasion. Il prit possession de son gouvernement en juin suivant, amenant avec lui, un millier de Barbadiens pour s'y établir. Il tenta d'abord de promouvoir le commerce avec les Espagnols et d'interdire aux flibustiers de les attaquer, en les engageant à combattre les Néerlandais avec lesquels l'Angleterre était guerre. Début 1666, il renversa cette politique fort impopulaire et autorisa les armements contre les Espagnols sous tous les prétextes possibles, et devint ainsi un grand promoteur de la flibuste, notamment des entreprises de Henry Morgan (1668-1671). Déplaçant le siège du gouvernement de Port Royal à Saint Jago de la Vega, il administra l'île en autocrate et en véritable seigneur, muselant toute opposition et ne convoquant durant son mandat qu'une seule assemblée (l'équivalent colonial de la Chambre des communes) dont il ordonna bientôt la dissolution. Cependant, en 1670, le décès d'Albemarle le priva de son meilleur soutien en Angleterre, et le roi Charles II ordonna son rappel et son emprisonnement pour calmer les plaintes des Espagnols. Renvoyé en Angleterre comme prisonnier d'État, en août 1671, par son successeur Lynch, il passa deux ans incarcéré à la Tour de Londres. Relâché grâce à une grosse caution fournie par le second duc d'Albemarle, fils de son défunt protecteur, il fut autorisé à retourner à la Jamaïque, où il possèdait de vastes domaines, avec le nouveau gouverneur Lord Vaughan, dont il devint le mentor. Cependant, même si sous son administration la Jamaïque avait renforcé sa position dans les Antilles, il n'y avait pas laissé que des bons souvenirs. Âpre au gain et autoritaire, le personnage était généralement haï par la les colons et il s'était aliéné définitivement l'ancien flibustier Morgan, maintenant gouverneur adjoint, pour avoir fait donner à son fils aîné et homonyme le commandement du régiment de milice de Port Royal, le plus prestigieux de la colonie. Ses ennemis l'accusaient d'avoir encouragé Vaughan, auquel il a avancé de grosses sommes, à utiliser les navires du roi pour faire de la contrebande d'esclaves et à investir dans le commerce interlope avec les Néerlandais de Curaçao. En octobre 1676, Modyford fut même se défendre d'une fausse accusation de trahison, ourdie fort mal habilement par Morgan et sa clique, mais qui l'obligea à résigner ses fonctions de juge en chef de la colonie, où Vaughan l'avait nommé à leur arrivée. À sa mort, son fils aîné Thomas hérita de son titre de baronet, mais celui-ci étant décédé à son tour quelques semaines plus tard, c'est son dernier fils suivant, Charles, agent de la famille à Londres depuis plusieurs années, qui hérita du titre paternel et des possessions familiales à la Jamaïque.

MOLESWORTH, Hender

Hender MOLESWORTH : marchand et administrateur colonial anglais (dans le Devonshire, vers 1638 - Angleterre, 6 août 1689), créé baronet MOLESWORTH of Pencarrow en juillet 1689.

Fils d'Hender Molesworth (d'une famille d'ascendance irlandaise) et de Mary Sparks, il s'établit comme marchand à Port Royal, Jamaïque, avant 1667. Cette même année, il acheta une prise espagnole faite par le flibustier Edward Dempster, qui est toutefois saisie par l'ambassadeur d'Espagne à son arrivée à Londres. Cependant, il fut beaucoup plus connu pour son implication dans la traite négrière et la promotion du commerce avec l'Espagne. En effet, dès 1668, il était nommé par le gouverneur Modyford agent de la première Royal African Company, emploi qu'il conserva sous la seconde compagnie du même nom (1672). À ce titre, il se trouva souvent en conflit avec les petits planteurs jamaïquains qui voulaient obtenir des esclaves à bas prix, que Molesworth et les autres agents de la Compagnie préféraient vendre aux Espagnols. Il était pourtant lui-même un riche planteur dans la paroisse de Saint-Catherine, où en 1670, il possédaut plus de 2500 acres. À cette époque, il était aussi capitaine dans le régiment de milice de Port Royal, dont il fut ensuite major puis lieutenant-colonel. Enfin, en septembre 1671, il fut nommé membre du Conseil de la Jamaïque. En janvier 1676, il accompagna l'ancien gouverneur Sir Thomas Lynch en Angleterre, avec lequel il comparut l'année suivante devant le Comité du commerce et des plantations, notamment lorsque les lois jamaïquaines furent à l'ordre du jour. De retour à la Jamaïque en 1678, il y reprit toutes ses fonctions, et ce gentilhomme vertueux, loyal et intelligent se montra politiquement discret sous l'administration du comte de Carlisle et de Sir Henry Morgan. Sous le second gouvernement de Lynch (1682-1684), il devint le deuxième personnage en importance dans la colonie, sans en avoir le titre, étant nommé (octobre 1683) commandant du régiment de milice de Port Royal à la place de Morgan. Étant malade et craignant que leurs ennemis politiques ne reviennent au gouvernement après sa mort, Lynch obtint pour Molesworth une commission «dormante» de lieutenant-gouverneur, qui ne devait être effective qu'en cas d'absence ou de décès du gouverneur en titre, lequel survint en septembre 1684. Installé à la tête de la colonie, Molesworth poursuivit la lutte commencée par son prédécesseur contre les flibustiers, ayant notamment raison du pirate Bannister. À partir d'août 1685, il fit face à une rébellion des noirs marrons de la vallée de Guabanoa, qu'il prit presque deux ans à mater. À propos de la lever de fonds pour combattre ces insoumis, il entra en conflit avec l'assemblée coloniale, mais il parvint à négocier un compromis. En octobre 1685, sa commission de lieutenant-gouverneur fut renouvelée par le roi James II en attendant que le nouveau gouverneur en titre, Sir Philip Howard, frère du comte de Carlisle, vienne à la Jamaïque. Celui-ci étant décédé en Angleterre en avril 1686, son successeur le duc d'Albemarle obtint du roi la moitié des revenus assignés au gouverneur de la Jamaïque depuis la mort d'Howard. En décembre 1687, le duc prit possession de son gouvernement et quelques semaines plus tard il exigea de Molesworth une impressionnante caution de 100 000£ pour couvrir la moitié du salaire qui lui était dû depuis 18 mois. Molesworth retourna alors en Angleterre pour se défendre et obtint gain de sa cause. Après le décès d'Albemarle, il fut nommé, en novembre 1688, gouverneur de la Jamaïque avec instructions de rétablir le gouvernement dans l'état où il se trouvait avant l'arrivée du duc, qui avait obtenu notamment le retour au sein du Conseil de plusieurs adversaires de Lynch et de Molesworth, dont Roger Elleston. En juillet 1689, il fut créé baronet Molesworth of Pencarrow par le roi William III, et le mois suivant il reçut sa commission de gouverneur, soit quelques jours seulement avant son décès survenu le 22 août. En février de cette même année, veuf d'un précédent mariage, il avait épousé en secondes noces Mary Temple, elle-même veuve de Sir Thomas Lynch. Il lui légua sa propriété à Saint Catherine à la Jamaïque, mais les terres familiales qu'il possédait en Cornouailles et le nouveau titre de baronet qui y était associé passèrent à son frère cadet, Sir John Molesworth.

MONTBARD l'Exterminateur

MONTBARD : flibustier français.

Selon Exquemelin, ce Gascon, d'une bonne famille du Languedoc, apprit à détester les Espagnols en lisant le récit de leurs cruautés contre les Indiens. Quelque part au cours de la guerre entre la France et l'Espagne (entre 1635 et 1659), il s'embarqua au Havre-de-Grâce sur un bâtiment corsaire commandé par son oncle. Ce dernier ayant péri lors d'un combat contre un bâtiment espagnol, Montbard lui succéda comme capitaine, prenant à son bord des boucaniers qu'il avait auparavant aidé lors d'un affrontement contre les Espagnols de Santo Domingo. Toujours selon Exquemelin, qui dit l'avoir vu un jour en passant aux Honduras (vers 1668-1672), il était un bon ami de l'Olonnais. Plusieurs spécialistes ont mis en doute son existence, car il n'a laissé aucune trace dans les archives.

MOREAU, Jean

Jean MOREAU : flibustier français (mort à Saint-Domingue, février 1665).

Commandant la frégate Le Saint-Louis, il prit à la Jamaïque, dans les derniers jours de 1663, une commission du gouverneur adjoint Lyttelton pour prendre sur les Espagnols par droit de représailles: deux de ses compatriotes établis à la Jamaïque nommé Jean Grandmaison et Élie Filliot se portèrent garants pour lui. L'année suivante, il captura cependant un bateau anglais dont il vendit la cargaison à l'île de la Tortue. Considéré dès lors comme forban, il fut tué avec plusieurs de ses hommes lors d'un combat contre le capitaine jamaïquain Robert Ensome, commandant le ketch Swallow. Le reste de son équipage fut jugé pour piraterie à Port Royal où quelques uns furent pendus.

MORGAN, le capitaine

MORGAN : flibustier anglais.

En 1682, il faisait parti de l'équipage de la Trompeuse, commandée par Hamelin. Mais, lors du voyage de ce vaisseau aux côtes de Guinée, l'année suivante, il fut élu comme capitaine par une partie de leur compagnie qui continua la course sous ses ordres à bord d'une prise. Il est possible que ce nom ne soit en fait qu'un pseudonyme.

MORGAN, le colonel Bledry

Bledry MORGAN : officier anglais.

Au début de 1671, ce colonel fut envoyé par le gouverneur Modyford vers la flotte de Henry Morgan, probablement son parent. Il arriva à Chagres comme passager sur le sloop de William Curson, puis il commanda l'arrière-garde des troupes jamaïquaines lors de la bataille de la plaine de Panama. En 1671, il fut envoyé par sir James Modyford pour gouverner l'île Providence en son nom.

MORGAN, le colonel Edward

Edward MORGAN : officier anglais (mort à Saint-Eustache, 2 août 1665).

Il servit d'abord comme mercenaire en Allemagne durant la guerre de Trente ans. Il épousa ainsi la fille du baron von Pöllnitz, gouverneur de Lippstadt. Fervent royaliste, il combattit les armées du Commonwealth en qualité de colonel général sous les ordres du comte de Carbery (père d'un futur gouverneur de la Jamaïque) au pays de Galles, puis s'exila en Allemagne auprès de ses beaux-parents. Après la Restauration, l'influence de son frère Thomas auprès du duc d'Albemarle lui fallut d'être nommé gouverneur adjoint de la Jamaïque. Arrivé dans l'île avec le gouverneur général Modyford en juin 1664, il obtint le commandement d'une flotte corsaire dans une expédition contre l'île hollandaise de Saint-Eustache où il mourut en débarquant. Il avait amené avec lui en Amérique ses deux fils et ses quatre filles. L'une de ces dernières, Mary Elizabeth, épousa (en 1665 ou 1666) son cousin germain Henry Morgan et l'aînée (1665) Robert Byndloss.

MORGAN, Sir Henry

Henry MORGAN : aventurier anglais (Tredegar Castle, Pays de Galles, 1635 - Port Royal, 25 août/4 septembre 1688), fait chevalier (1674) par le roi Charles II : Sir Henry Morgan.

Le plus connu de tous les flibustiers des Antilles, Henry Morgan était fils d'un gentilhomme du Monmouthshire, au pays de Galles, apparenté aux seigneurs de Tredegar et de Llanrumney. Sa carrière de corsaire fut relativement brève (1665-1671), mais ses succès demeurent exceptionnels. Il arriva à la Jamaïque comme soldat dans l'armée du Commonwealth, probablement dès la prise de l'île par celle-ci. Soldat dans la compagnie du capitaine Henry Ruddyard, il s'embarque à la fin 1660 avec George Freeborne, et lorsque celui-ci est arrêt pour piraterie au début de l'année suivante, il fait partie des membres de l'équipage de ce capitaine qui sont condamnés à servir sur des plantations. En 1662, lorsque Freeborne revient à la Jamaïque, blanchi des accusation portées contre lui par la Haute Cour de l'Amirauté, Morgan recouvre vraisemblablement sa liberté. Son premier commandement en course ne date toutefois que de 1665, à l'occasion d'une expédition conduite par David Martin qui se termina par la prise de Granada (Nicaragua). À son retour à la Jamaïque, il épousa l'une des filles d'un cousin éloigné, Edward Morgan, de la branche de Llanrumney, gouverneur adjoint de la colonie, récemment décédé. Il devint ainsi le beau-frère de Henry Archbould et de Robert Byndloss, des planteurs influents, membres du conseil de la colonie. Nommé colonel d'un régiment de milice, il obtint (fin 1667) du gouverneur Thomas Modyford sa première commission pour commander en chef les flibustiers jamaïquains avec le titre d'amiral. Il réussit ainsi, en juin 1668, à s'emparer de Puerto Belo, dont il rapporta un très riche butin, chaque part étant évaluée à 120£, soit dix fois le salaire annuel d'un marin de la Royal Navy. Sa seconde expédition se déroula, l'année suivante, au lac de Maracaïbo, dont il pilla les principaux établissements, mais où le butin fut quatre fois moindre qu'à Puerto Belo. Enfin, son dernier et troisième grand commandement l'amena à former la plus grande flotte de flibustiers de l'histoire des Antilles, soit 37 navires avec plus de 2000 hommes, et il réussit son plus grand coup, en février 1671, la prise de Panama. Le butin s'éleva à 400 000 pièces de huit, soit presqu'autant que les deux dernières expéditions réunies, mais plusieurs des hommes accusèrent leur amiral d'avoir accaparé le meilleur du butin. En fait, celui-ci dut être partagé entre quatre fois plus de monde, et en dépit de ces accusation, Morgan n'en fut pas moins reçu en héros à son retour à Port Royal, recevant même des félicitations officielles du gouverneur Modyford. Entre-temps, le roi Charles II, déterminé à faire respecter la récente paix avec l'Espagne, ordonna l'arrestation du gouverneur et celle de Morgan. En avril 1672, celui-ci fut le dernier des deux à quitter l'île, le nouveau gouverneur, Sir Thomas Lynch, ayant jugé préférable de différer l'ordre royal à cause de la popularité du prisonnier. En Angleterre, il gagna la faveur du roi et de plusieurs grands personnages, dont le duc d'Albermarle, puis en 1674, fait chevalier, il fut désigné comme lieutenant-gouverneur de la Jamaique, où il fut renvoyé pour servir sous les ordres de Lord Vaughan, avec lequel il ne tarda pas à se brouiller. Ces mauvaises relations firent éclater au grand jour le patronage que Sir Henry exerçait, de concert avec son beau-frère Byndloss, sur les flibustiers jamaïquains qu'il encourageait à prendre des commissions françaises à Saint-Domingue contre les Espagnols, mais Vaughan, qui s'aliéna toutes les factions politiques de la colonie, fut remplacé par le comte de Carlisle. Ce fut sous l'administration de ce dernier (1678-1680) que Morgan et ses partisans atteignirent le sommet de leur puissance politique, monopolisant tous les postes-clés de la colonie et continuant d'encourager officieusement la flibuste, et cette mainmise sur le gouvernement se poursuivit lorsque Morgan en assuma l'intérim après le départ de Carlisle. Durant cette période faste, grâce au pourcentage que son supérieur et lui percevaient en sous-main sur les prises des flibustiers, Morgan agrandit son patrimoine en constituant trois grandes plantations. Cependant, ceux des planteurs et marchands jamaïquains favorables au commerce avec les Espagnols gagnèrent leur cause et obtinrent le remplacement de Carlisle par l'ancien gouverneur Lynch. Les quelques efforts que Morgan emploiya alors pour juguler la flibuste ne purent empêcher la révocation, en septembre 1681, de sa commission de lieutenant-gouverneur. Dès l'arrivée de Lynch (mai 1682), qu'il considérait comme un ennemi personnel, il tenta, plus ou habilement, de saper son autorité. En octobre 1683, à la suite d'une émeute fomentée par son beau-frère Charles Morgan, il fut suspendu par Lynch de toutes ses fonctions, politique, militaire et judiciaire, dans la colonie, décision approuvée ensuite par le roi. À l'exemple de Byndloss qui subit le même sort que lui, il se retira sur ses terres laissant à son ancien procureur général Roger Elletson le soin de mener l'opposition à Lynch puis au successeur de celui-ci. En 1687, le duc d'Albermarle, l'un de ses protecteurs, fut nommé gouverneur de la Jamaïque, et l'année suivante il obtint du roi James II la réintégration du vieil amiral sur le Conseil de la colonie. Trop tard pour Sir Henry, car il mourut de paludisme, aggravé par son alcoolisme, laissant le meilleur de ses biens, soit ses trois plantations, 120 esclaves et plus de £5000 à son épouse et cousine Mary Elizabeth Morgan.

MORGAN, Peter

Peter MORGAN : flibustier anglais, originaire de Bristol (mort à île du Prince, golfe de Guinée, 1686).

En 1680, il fut l'un des 330 flibustiers anglais qui passèrent à la mer du Sud par l'isthme de Panama sous la conduite des capitaines Coxon et Harris. Après cette expédition, il semble s'être retiré en Caroline d'où il arma un petit bâtiment. Ainsi, en mars 1683, il rejoignit aux cayes de la Floride le flibustier français Bréha et quelques autres capitaines anglais, avec lesquels il se rendit ensuite sur l'épave du galion Maravillas dans les Bahamas. De là, il se rendit avec ses associés, sous le commandement de Bréha, tenter une descente contre San Augustin, la capitale de la Floride. Après leur retraite devant cette ville et le pillage de quelque petit bourg de la Floride, il retourna avec son compatriote Thomas Paine et Bréha aux Bahamas, où le gouverneur anglais tenta en vain de les appréhender. L'année suivante, il semble avoir joint la flotte du capitaine Handley, qui appareilla de New Providence au printemps 1684 à destination des côtes de la Floride. En avril 1685, il joignit la flotte de Grammont à l'île à Vache, commandant alors un bateau de six canons et 40 hommes. Ensuite, lors de l'escale à l'île d'Or (Panama), il complota alors avec les capitaines Sharpe et Tristan pour inciter les flibustiers à passer à la mer du Sud. Mais Grammont ayant contrecarré leurs plans, Morgan dut participer à la prise de Campêche (1685). Après cette entreprise, il quitta Grammont et alla relâcher en Caroline. En 1686, appareillant de Caroline, il remonta jusque dans les parages de Terre-Neuve où il pilla quelques navires français. Voulant aller piller les Espagnols du Rio de la Plata puis faire la course dans le Pacifique, il passa d'abord aux îles du Cap Vert où il commit quelques méfaits. Faisant ensuite route vers le Brésil, il y fit escale à l'île Fernando de Noronha où il fut tué avec la moitié de ses gens par les Portugais de cette colonie; les survivants se joignirent ensuite à un certain capitaine Eatey.

MORGAN, le lieutenant-colonel Thomas

Thomas MORGAN : officier anglais (mort à Nevis, mai 1666).

Officier subalterne dans l'armée du Commonwealth qui s'empara de la Jamaïque, il y devint capitaine d'infanterie. Lorsque cette armée fut congédiée en 1662, il fut nommé capitaine de l'une des compagnies de milice formées à cette occasion. Cette même année, il accompagna Christopher Myngs lors de son expédition contre Santiago de Cuba, puis quelques moins plus tard à Campêche, ayant alors commandant en second des troupes à terre. En 1665, alors lieutenant-colonel de milice, il accompagna son oncle, ou du moins son parent, le gouverneur adjoint Edward Morgan dans l'expédition contre les Antilles néerlandaises. Laissé comme commandant militaire de Saint-Eustache avec le capitaine Maurice Williams et quelques autres flibustiers par le colonel Theodore Cary, il passa ensuite avec ses hommes à Saint-Christophe où il fut blessé en combattant les Français. Il mourut quelques semaines plus tard des suites de ses blessures.

MORRIS, le capitaine John

John MORRIS : flibustier anglais (mort à île à Vache, 12 janvier 1669).

Il participa aux raids de Henry Morgan sur Cuba et Porto Belo (1668) en compagnie de son homonyme, dont était apparemment le cadet en terme d'âge ou de service comme flibustier. Il compta au nombre des capitaines qui périrent lors de l'explosion de la frégate Oxford.

MORRIS, le capitaine John

John MORRIS : flibustier anglais (mort à Puerto Rico, septembre ou octobre 1675).

En octobre 1662, commandant la frégate The Virgin Queen, il reçut du gouverneur de la Jamaïque une commission pour prendre sur les Espagnols par droit de représailles, le capitaine Robert Searles ainsi que le lieutenant-colonel Thomas Morgan se portant alors garants pour lui., et il participa ensuite à la prise de Campêche sous les ordres du capitaine Myngs. En octobre 1663, étant de nouveau en mer, il fit quelques petites prises espagnoles à la côte sud de Cuba, puis en janvier 1664 il captura le Blue Dove, qui se rendait à cet endroit, sous prétexte que celui-ci voyageait avec un passeport néerlandais pour ravitailler les Espagnols de Cuba. Il conduisit le Blue Dove à Port Royal, mais la Cour de l'amirauté jugea le navire de mauvaise prise. Il s'associa ensuite avec les capitaines David Martin et Jacob Fackman avec lesquels il se rendit dans la baie de Campêche : sous une commission portugaise, ils y pillent Villahermosa sur la rivière Tabasco (février 1665), puis ils se retirèrent aux Honduras avant de mettre à sac (en juin) la ville de Granada, sur le lac de Nicaragua. Au retour de cette expédition, Morris joignit la flotte de Mansfield et ce fut lui qui, en juin 1666, porta à la Jamaïque la nouvelle de leur échec au Costa Rica et de leur victoire à l'île Santa Catalina. Fin 1667, il se rangea sous les ordres d'Henry Morgan, qu'il accompagna dans ses expéditions à Puerto Belo (1668) et Maracaïbo (1669). En août 1670, commandant le Dolphin, une frégate de 60 tonneaux armée de 10 canons, avec un équipage de 60 hommes, il appareilla alors de Port Royal au sein de la flotte commandée par Morgan. Ayant reçu l'ordre de celui-ci de demeurer en garde à la côte de Cuba, Morris y défit et tua le corsaire portugais Rivero Pardal (octobre 1670). Ramenant comme prise le navire de celui-ci, il rejoignit ensuite Morgan à l'île à Vache. En février 1671, il commanda en second l'avant-garde de l'armée de Morgan lors de la bataille de Panama. Après cette entreprise, il abandonna le Dolphin aux îles Caïmans, où il prit le commandement du Lilly, une frégate de 50 tonneaux et 10 canons, échouée là par son associé le capitaine Norman. À son retour à la Jamaïque, il reçut du gouverneur adjoint Sir James Modyford la co-propriété de cette frégate, puis il repartit en course avec 30 ou 40 hommes au sud de Cuba où il captura une pirogue espagnole chargée de tabac, mais, aux côtes de Saint-Domingue, il refusa de suivre ses hommes qui voulurent attaquer un bâtiment anglais. Abandonné par plusieurs de ses hommes, il rentra à Port Royal, où il fut arrêté et jugé pour piraterie, mais le nouveau gouverneur Thomas Lynch lui pardonna, lui rendit le Lilly et le prend à son service. En février 1672, il appareilla avec ordre de donner la chasse aux pirates et de conduire à Campêche deux émissaires chargés par le gouverneur Lynch de négocier la libération de prisonniers anglais avec les autorités espagnoles. Ce voyage se termina mal, car contrairement aux ordres reçus, il chargea le Lilly de bois de teinture dans la lagune de Terminos, et l'y échoua, devant rentrer à la Jamaïque par ses propres moyens. Il n'en conserva pas moins l'estime de Lynch qui lui confia en 1674 la mission de capturer le pirate Jones réfugié chez les Français de Saint-Domingue, mais il échoua à le trouver. Cependant, en juillet 1675, au retour de son ancien chef Morgan comme lieutenant-gouverneur, et avec l'appui de celui-ci, il joignit la flotte du sieur de Cussy, l'un des adjoints du gouverneur de Saint-Domingue venu recruter des flibustiers à la Jamaïque pour aller attaquer Puerto Rico. Il trouva la mort quelques mois plus tard lors du débarquement des troupes françaises sur cette île.

MORTON, Richard

Richard MORTON : flibustier anglais (mort dans le détroit de Magellan, février 1684).

Il compta au nombre des 330 flibustiers anglais qui passèrent à la mer du Sud par l'isthme de Panama, en avril 1680. Revenu aux Antilles, par le détroit de Magellan, sur la Santisíma Trinidad avec le capitaine Sharpe, il semble avoir suivi ce dernier en Angleterre (mars 1682), étant acquitté d'accusations de piraterie en même temps que son chef. Il s'embarqua ensuite à Londres avec le capitaine Bond comme pilote pour les Antilles, les îles du Cap Vert puis le Brésil. À cette côte, il passa avec le capitaine Eaton, sur le Nicholas, recevant alors le commandement d'une barque portugaise. Il entra ensuite dans le détroit de Magellan en compagnie d'Eaton (fin 1683), tous deux joignant ensuite le capitaine Swan. Ayant pris huit des hommes de ce dernier à son bord, Morton disparut dans une tempête.

MUGFORD, Milner

Milner MUGFORD : flibustier anglais.

En 1663, il commandait un ketch dans la flotte jamaïquaine qui sous les ordres du capitaine Myngs alla piller Campêche. Au retour de cette expédition, il s'empara d'une barque dont il mena la cargaison en fraude à la Jamaïque à l'insu de Myngs. Pour cette affaire, il fut jugé par la Cour de la Vice-Amirauté de la Jamaïque en mai de la même année.

MUNDEN, Robert

Robert MUNDEN : marin anglais.

Commandant la frégate The Charles, armée en course par des marchands londoniens, il arriva à la Jamaïque en 1662, peu de temps avant le départ du gouverneur Windsor, qui lui délivra une commission pour prendre sur les Espagnols. En décembre de cette même année, le gouverneur adjoint Lyttleton lui ordonna de transporter le colonel Barry et ses gens à l'île de la Tortue pour s'en emparer. Mais, voyant les Français prendre les armes à son approche, Munden refusa de tirer sur eux et se rendit à Corydon où il débarqua ses passagers et continua à croiser dans la mer des Antilles quelque temps avant de rentrer en Angleterre. Il semble avoir fait escale aux Bermudes à la fin d'avril 1664 et en être reparti au début d'octobre de la même année.

MYNGS, le capitaine Christopher

Christopher MYNGS : marin anglais (dans le Norfolk, 1625 - au large des Downs, juin 1666), fait chevalier par le roi Charles II (1665) : Sir Christopher Myngs.

Devenu officier de la marine royale en 1648, il y obtiit son premier commandement, après la guerre civile, dans la marine du Commonwealth. Chargé d'escorter des navires marchands, il se distingua par la capture de deux vaisseaux de guerre néerlandais. En octobre 1654, il reçut le commandement du Marston Moor, de 44 canons, et il rejoignit la flotte de l'amiral Penn. Peu de temps après la conquête de la Jamaïque, Myngs appareilla (juillet 1655) pour l'Angleterre, ayant comme passager le général Venables, le commandant militaire de l'expédition. Bientôt de retour à la Jamaïque, il participa, au sein de l'escadre de l'amiral Goodson, à la prise de Rio de la Hacha (mai 1656), puis à une croisière sans lendemain aux côtes de Cuba en quête de la flotte de la Nouvelle-Espagne. En juillet 1657, il repartit en Angleterre et revint aux Antilles au début de l'année suivante. En passant par la Barbade, il saisit plusieurs navires marchands néerlandais sous prétexte que ceux-ci trafiquent avec les colons. À son retour à Cagway (le principal port de la Jamaïque), en mars 1658, son navire Marston Moor fut réquisitionné avec cinq autres bâtiments par le gouverneur D'Oyley pour une expédition contre les Espagnols qui étaient débarquée à Rio Nuevo, à la côte nord de l'île. Les envahisseurs ayant été défaits (juillet 1658), Myngs, avec cinq navires, attaqua Tolu et Santa Marta, deux cités portuaires de la côte de Terre Ferme. De retour à Cagway (décembre 1658), il en ressortit bientôt avec plus de 300 hommes, à bord du Marston Moor et de deux autres bâtiments, pour une nouvelle expédition au cours de laquelle il pilla Cumana, puis Puerto Caballo et Coro. À cette dernière place, il s'empara de vingt-deux sacs contenant chacun 400 livres d'argent, le meilleur de son butin au cours de cette entreprise, laquelle rapporta environ un demi-million de pièces de huit, soit 300 000 livres. Malgré ce succès, Myngs fut suspendu de son commandement par D'Oyley pour certaines irrégularités concernant le partage de ce butin, et en juin 1659, il repartit en Angleterre pour répondre des accusations du gouverneur. À la Restauration, Myngs retourna à la Jamaïque, avec le nouveau gouverneur Windsor, commandant cette fois la frégate royale Centurion, de 46 canons, avec 146 hommes d'équipage. En octobre 1662, il reçut de Windsor l'ordre d'attaquer Santiago de Cuba, dont il s'empara le même mois à la tête de onze bâtiments (en majorité des flibustiers) et de 1300 hommes. À son retour, et après le départ de Windsor, Myngs fut assermentée comme membre du Conseil de la colonie. Dès janvier 1663, il reprit la mer, appareillant de l'ancienne Cagway, devenue Port Royal, avec 12 bâtiments flibustiers et 1500 hommes. Le 19 février, il s'empara de San Francisco de Campeche, puis rentra à la Jamaïque en avril. Il repartit ensuite en Angleterre : il ne devait plus revenir aux Antilles. En 1664, Myngs fut promu vice-amiral de l'escadre blanche de la Royal Navy, sous les ordres du prince Rupert. À ce titre, il participa à la bataille navale de Lowestoft (juin 1665) contre la flotte des Provinces Unies, à la suite de laquelle il fut fait chevalier par le roi. L'année suivante, il devint vice-amiral de l'escadre bleue, commandée par le comte de Sandwich. Lors de la bataille des Dunes (dite aussi bataille des Quatre jours), qui opposait une nouvelle fois les Anglais aux Néerlandais, il fut blessé à la jambe, blessure dont il meurt quelques jours plus tard.