YALLAHS, le capitaine
Gillis DELICAET : flibustier néerlandais originaire de (Flessingue, Zélande, vers 1642 — lagune de Términos, Yucatán, mai 1673), mieux connu en anglais sous le nom de Yallahs et en espagnol sous celui de Gil de LAS CASAS alias Pajalarga.
Le marin zélandais Gillis Delicaet fit l'un des rares capitaines flibustiers du 17e siècle à avoir servi tant les Anglais que les Espagnols. Pour les premiers, il était mieux connu sous le nom de Yallahs (corruption anglaise de son prénom), et pour les seconds sous celui de Gil de las Casas, alias Pajalarga, du nom du navire qu'il montait. Selon le biographe de son associé Jan Erasmus Reyning, après avoir fait un voyage en course avec un capitaine jamaïquain, ils achetèrent ensemble un brigantin, dont ils donnèrent le commandement à un autre de leur compatriote, Roc le Brésilien. Après un voyage avec celui-ci, Delicaet, vers la fin de 1668, devint lui-même capitaine de la frégate espagnole Pajalarga, de 12 canons, amenée à la Jamaïque par Moïse Vauquelin. Avec ce bâtiment rebaptisé Port Royal, il joignit à l'île à Vache, en janvier 1669, la flotte d'Henry Morgan. Cependant, il fut l'un des six capitaines qui manquèrent le rendez-vous de l'île Saona et qui, sous les ordres de John Ansell, échouèrent dans une entreprise contre Cumaná. En compagnie de Joseph Bradley et Rocky, deux des capitaines de cette bande, il gagna les côtes du Yucatán, où ils pillèrent quelques bateaux et firent des descentes sur les villages côtiers. Ils passèrent ensuite deux mois dans la lagune de Términos, durant lesquels Delicaet chargea son navire de bois de teinture. Fin 1669, reprenant la mer, il rejoignit Bradley devant Campêche, puis il récupéra Roc qui avait perdu son brigantin à la côte nord du Yucatan. En septembre 1670, retournant à la Jamaïque, il caréna le Port Royal, à côte est de Cuba, puis il alla rejoindre à l'île à Vache la flotte de Morgan, sous les ordres duquel il participa à l'entreprise de Panama. Au retour de cette expédition, il relâcha aux Caïmans plutôt qu'à la Jamaïque, et ce fut là que son ancien associé Erasmus, envoyé par le gouverneur Modyford pour le ramener à Port Royal, le rejoignit. Il convainquit toutefois le messager de continuer la course avec lui, puis il gagna la baie de Campêche, où il s'associa avec le capitaine David Martin, qui y chargeait du bois de teinture. Avec son lieutenant Erasmus et la plupart de leurs hommes, il décida alors de passer au service des Espagnols, et le gouverneur du Yucatán, Fernando Francisco de Escobedo, accepta de recevoir leur reddition. En novembre 1671, lorsque John Wilgress, commandant la frégate royale Assistance, envoyée par le nouveau gouverneur de la Jamaïque, Thomas Lynch, pour capturer Delicaet, fit escale à San Francisco de Campêche, Escobedo lui refusa la permission de l'arrêter, et alla même jusqu'à donner au renégat une commission pour garder les côtes du Yucatán. Dès décembre, Delicaet se rembarqua sur le Port Royal, qui retrouva son ancien nom espagnol de Pajalarga. Avant la fin de l'année, à Bocas de Conil, près du cap Catoche, il surprit cinq navires anglais venus traiter avec les bûcherons. En avril 1672, alors qu'il escortait un navire marchand vers Tabasco, il enleva dans la lagune de Términos la barque de Clement Symons, un ancien associé, qu'il abandonna sur une île avec son équipe. En juillet, étant de nouveau vers le cap Catoche, il captura deux autres bateaux anglais, portant en tout près de 600£ en argent, et le mois suivant, il s'empara de la barque de Roger Kelly, lui aussi un ancien flibustier, qu'il conduisit à Campêche avec ses deux prises précédentes. En octobre, il captura un autre Anglais revenant de la lagune avec 90 tonnes de bois de teinture, puis il retourna vers les côtes nord du Yucatan où il fit une autre prise du même genre sur les Anglais. Le 5 mai 1673, après une autre escale à Campêche, il appareilla pour la lagune de Términos, avec une barque et un brigantin et à peine 50 hommes. À son arrivée, il y captura un ketch, mais le 13 du même mois, il fut attaqué par deux petites frégates commandés par le Hollandais Johannes Reekes et le Français Beauregard, appuyés par plus de 200 bûcherons conduits par George Reaves. Alors que le brigantin qui l'accompagnait était capturé par ces derniers, il dut échouer la barque qu'il montait puis se réfugier dans les bois avec ses hommes. Peu de temps après, il fut capturé et tué par Reaves et ses hommes.
YANKEY, le capitaine Jean
Jan WILLEMS, alias YANKEY : flibustier néerlandais (mort dans le golfe des Honduras, février 1688).
Membre de l'équipage de son compatriote Jacob Everson en 1680, il fut promu capitaine lorsqu'il reçut de celui-ci le commandement d'une barque longue enlevée aux Espagnols, en vertu d'une commission française, et il demeura chef de leur compagnie lorsque Everson vit son bâtiment saisi par les Anglais de la Jamaïque en février 1681. Pendant un an, il dut toutefois croiser sous la protection du capitaine anglais William Wright, établi à Saint-Domingue, car il ne possédait pas commission. Il n'en captura pas moins, en décembre, un excellent navire, une frégate chargée de sucre et de mélasses appartenant à Francisco Ramos, le grande vicaire de Santiago de Cuba, qu'il conserva malgré les prétentions de son associé, et pour laquelle il obtint, en juillet 1682, sa première commission du gouverneur de Saint-Domingue. Agissant désormais sous la protection de la France, il n'en fut pas moins courtisé par le gouverneur de la Jamaïque, qui voulait le prendre à son service. En mai 1683, il participe à la prise de Veracruz et, en décembre, il fit partie de la flotte de Laurens De Graffe qui s'empara de deux vaisseaux de guerre espagnols à la côte de Carthagène. À cette occasion, il reçut le commandement du navire de De Graffe, de 30 canons, qu'il rebaptisa Le Dauphin. S'étant séparé de cette flotte, il demeura seul dans le golfe des Honduras, puis, en avril 1684, à la tête de 200 hommes, il pilla le fort San Felipe de Lara, dans le Golfo Dulce, au Guatemala, entreprise qui ne rapporta que des armes, du vin, de l'huile et des récipients en fonte. Repassant ensuite par la côte de Carthagène, il rentra au Petit-Goâve, en novembre 1684, avec deux petites prises, qui lui furent toutes deux adjugées par les autorités. À cette époque, il montait le quatrième plus important bâtiment de la flotte corsaire de Saint-Domingue, et il était le troisième chef en importance parmi les flibustiers français après Grammont et De Graffe, et ce fut à ce titre qu'il apparut lors de l'expédition contre la ville de Campêche, de février à septembre 1685. À la suite de l'interdiction de la course contre les Espagnols décrétée par le gouverneur de Saint-Domingue, il s'associa avec son ancien chef Everson. Sortant ensemble des Honduras où ils avaient longuement séjourné avec De Graffe, ils s'emparèrent, en août 1686, d'une hourque espagnole de 44 canons, portant 50 000 pièces de huit, qu'ils conduisirent en Caroline, réputée pour bien accueillir les flibustiers, mais dont un nouveau gouverneur (James Colleton) chassa les deux Néerlandais. Après avoir couru les côtes de la Floride en hors-la-loi pendant plusieurs mois, ils firent escale à la Jamaïque en septembre 1687, et tentèrent de négocier, sans succès, leur soumission avec le gouverneur de cette île. Ils retournèrent ensuite aux Honduras où, en janvier 1688, avec 84 hommes, Yankey s'empara encore du fort San Felipe, sans faire plus de butin que la première fois, mais il fut grièvement blessé à la jambe quelques jours plus tard lors d'une attaque contre trois navires mouillant dans le port de Santo Tomás de Castilla. En février, à Puerto de Caballos, après huit heures de combat, en compagnie d'Everson et de Coxon, il surprit le galion Santa Cruz, que le vice-roi de la Nouvelle-Espagne avait envoyé au Honduras pour chercher les produits de cette province. La prise était chargée de bois de teinture, de cuirs, de poudre et de munitions, mais elle contenait aussi environ 4500 pesos et beaucoup d'orfèvrerie en argent. Yankey n'en profita guère longtemps, car peu après il mourut des suites de la blessure reçue le mois précédent.
Pour plus d'informations concernant le capitaine Yankey, voir Raynald Laprise, « Capitaine flibustier dans la colonie française de Saint-Domingue: Le cas de Jan Willems, alias Yankey (1681-1687) », Canadian Journal of Netherlandic Studies, no. XXVIII (2007), 201-228.
YOUNG, George
George YOUNG : aventurier anglais
En 1682, il était l'un des officiers du gouverneur des Bahamas. Il commandait aussi un petit bâtiment, avec lequel il allait travailler à repêcher de l'argent sur l'épave du galion Maravillas. Il s'associa ainsi avec le flibustier français Bréha, mais il ne semble pas avoir participé à la descente que celui-ci fit en Floride au printemps 1683.